Martine Soucie, une femme de 22 ans, a comparu cet après-midi au palais de justice de Gatineau pour faire face à des accusations d’homicide involontaire envers Miliange, sa fillette de six mois. Le père de la victime applaudit le travail des autorités dans ce dossier et espère maintenant que « justice soit faite ».
Le père de Miliange, Ghislain Guilbeault, a appris hier que des accusations allaient être déposées contre son ancienne conjointe.
« Disons que c’est un soulagement. Ça fait du bien de voir que la justice est rendue, qu’il y a finalement quelqu’un d’accusé », souffle-t-il, avant d’admettre que les dernières heures ont été mouvementées.
Ghislain Guilbeault, le père de Miliange.
Photo : Courtoisie
M. Guilbeault n’était plus en couple avec Martine Soucie depuis janvier 2014. Cette dernière était tombée enceinte à l’époque où ils étaient toujours ensemble
Il affirme qu’après leur séparation, il n’a plus eu de nouvelles et il n’a su que Miliange était venue au monde que 10 jours après sa naissance.
Quand l’enfant est morte en novembre 2014, il avait déjà commencé à avoir des doutes quant à son bien-être. Il soutient avoir constaté que quelque chose n’allait pas vers la fin de la grossesse de son ancienne conjointe, qui selon lui, perdait patience rapidement.
Aujourd’hui, il dit regretter la tournure des évènements et de n’avoir rien pu faire pour sauver sa fille.
« Le deuil est loin d’être fini. Je vais vivre bien des émotions. Ça va être long, mais aujourd’hui, c’est le soulagement », explique Ghislain Guilbeault qui a l’intention de suivre le procès avec assiduité.
Un dossier difficile
La porte-parole du Service de police de Gatineau (SPVG), Jean-Paul Lemay, précise que ces accusations ont été autorisées à la suite d’une enquête de presque cinq mois.
Le 16 novembre dernier au matin, des policiers et des intervenants d’urgence ont répondu à un appel médical selon lequel un bébé était inanimé dans une résidence familiale du chemin Eardley, dans le secteur d’Aylmer.
Le décès du poupon a été constaté à l’hôpital, malgré des manœuvres de réanimation des services d’urgence.
La femme dans la vingtaine a été remise en liberté. Elle doit respecter un couvre-feu et ne peut pas communiquer avec certaines personnes d’âge mineur, ni se retrouver près de l’endroit où ceux-ci étudient.
La reprise des procédures est prévue le 15 juin, ce qui laissera le temps à la défense d’analyser la preuve, comprenant entre autres six disques de données.
Une enquête confidentielle et complexe
À la suite de l’enquête du coroner et du Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG), des soupçons ont été soulevés dès les premières constatations. Les enquêteurs ont alors approfondi leurs démarches et exigé des expertises supplémentaires.
Un portrait de Martine Soucie.
Photo : Lauren Foster-MacLeod/Radio-Canada
L’enquête criminelle a ensuite été transférée au SPVG.
De nombreuses expertises médico-légales ont été nécessaires, de même que les avis de plusieurs experts, afin d’établir les faits. Ces derniers ont mené au dépôt des accusations envers la mère.
« Les expertises ont démontré que le bébé a subi des traumatismes à différents épisodes de sa vie. Certains traumatismes subis n’étaient pas reliés à la mort du bébé », explique la police par voie de communiqué.
La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a aussi participé au dossier.
Une nouvelle qui choque les voisins
Jean Soulière, un résident du complexe immobilier où vivait Martine Soucie, estime que cette histoire est une véritable tragédie.
« Aucun enfant ne mérite un tel sort, quel que soit leur âge », affirme-t-il.
Il précise qu’il ne connaissait pas l’accusée et qu’il n’avait aperçu cette dernière qu’à quelques reprises, mais qu’elle avait l’air normal.
Krystal Lalonde, une autre résidente du secteur qui était la voisine de Mme Soucie, se dit « très contente que la justice ait été rendue pour le bébé ».
Elle a du mal à comprendre comment cette mère de famille a pu se retrouver dans cette situation. Elle n’avait jamais constaté le moindre signe d’agressivité de sa part.
D’après des informations de Michel-Denis Potvin