Montréal a dévoilé vendredi le tracé des deux courses de Formule E qui seront disputées en juillet prochain dans les rues du centre-ville. Le maire Denis Coderre a du même coup promis que les bolides électriques n’auront pas à contourner de nids-de-poule, puisque ceux-ci auront disparu.
Le circuit de 2,75 kilomètres empruntera notamment le boulevard René-Lévesque, l’avenue Papineau et la rue Viger autour de Radio-Canada. La Ville entend faire disparaître les cratères qui pourraient subsister sur le parcours. Elle a d’ailleurs consacré une somme de 4,6 millions pour retaper la chaussée en prévision de cet événement. « On a mis tout ce qu’il fallait pour que ce soit une course de premier plan », a dit M. Coderre.
Il s’agira de la 3e édition du Championnat de Formule E, une compétition qui privilégie les circuits urbains. Montréal, qui a conclu une entente de trois ans, accueillera les deux dernières courses de la saison les 29 et 30 juillet 2017.
Électrification des transports
Le maire Coderre assure que les citoyens résidant dans le périmètre du circuit ne seront pas laissés pour compte et que des passerelles seront mises à leur disposition pour leur permettre de circuler.
De passage à Montréal pour la signature de l’entente, le p.-d.g. de Formule E, Alejandro Agag, a parlé d’un événement festif destiné aux familles et aux enfants et susceptible de les inciter, plus tard, à opter pour les voitures électriques.
Denis Coderre a profité de l’occasion pour annoncer la création de l’OBNL Montréal c’est électrique, qui aura pour mission de promouvoir l’électrification des transports à Montréal. La Ville a confié la présidence de l’organisme à Sylvain Vincent et consenti un budget de 1,75 million.
Ex-ministre de l’Environnement, aujourd’hui consultant en matière d’électrification des transports, Daniel Breton voit d’un bon oeil la présentation d’une course de Formule E à Montréal. Ce type de championnat a l’avantage d’inciter les constructeurs automobiles à faire des avancées technologiques susceptibles d’être utiles pour les voitures grand public, souligne-t-il : « Ça va être un banc d’essai pour les nouvelles technologies électriques, ce que la Formule 1 ne fait pas et ne veut pas faire. »
« Je pense que c’est positif et que ça va donner une vitrine à Montréal pour autre chose que la Formule 1, qui est en déclin, ajoute-t-il. Ce n’est pas en se faisant menacer tous les ans par Bernie Ecclestone qu’on a l’impression que ça va dans le bon sens. »
Le paradigme de l’auto
Professeur à la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau n’est pas convaincu de la pertinence de présenter une course de Formule E à Montréal : « Je pense que c’est néfaste pour la transition énergétique globale, parce que ça ne fait que nous ancrer davantage dans le paradigme de l’automobile individuelle. À Montréal et au Québec, on a des problèmes de congestion. »
Il croit par ailleurs que Montréal ne devrait pas s’associer à l’autre course automobile, celle de la Formule 1, « qui pose des problèmes de pollution sonore et de relations entre les sexes ».
Mais le maire Coderre tient mordicus à la course de Formule 1 et il a voulu, vendredi, dissiper les doutes sur la présentation de l’épreuve à Montréal en juin prochain. « Il n’y a pas de problème entre Bernie et Montréal. »