Le suspect aurait voulu faire exploser le consulat américain à Toronto.
Photo : Google Maps
Les autorités canadiennes affirment avoir déjoué un complot terroriste contre la ville de Toronto, orchestré par un sympathisant du groupe armé État islamique (EI). Un homme d’origine pakistanaise est maintenant derrière les barreaux.
Les enquêteurs allèguent que Jahanzeb Malik est un sympathisant de l’EI. Il aurait visité à plusieurs reprises des camps d’entraînement en Libye et au Pakistan.
Récemment, il aurait tenté de recruter un complice pour planifier des attentats à la bombe contre le consulat des États-Unis à Toronto et dans le quartier des affaires.
Lui et son complice auraient visionné des vidéos de propagande djihadistes, planifié des attaques et même discuté d’un message vidéo à enregistrer afin de revendiquer leur geste.
Lorsque son complice est une taupe
Ce qu’on sait maintenant, c’est que le complice en question était en fait un agent d’infiltration des services de sécurité qui avait pour mission de le surveiller.
Pour les policiers, il s’agit d’une nouvelle stratégie plus proactive, croit Stéphane Leman-Langlois, directeur de l’équipe de recherche sur le terrorisme à l’Université Laval.
« Les forces policières se sont fait prendre un peu en défaut à cause qu’ils avaient Martin Couture-Rouleau sous surveillance et qu’il a mené à bien ses attaques quand même », à St-Jean-Sur-Richelieu cet automne.
« Donc, maintenant, les policiers sont moins tolérants pour ces 100 ou 200 personnes qui sont sous surveillance et vont maintenant essayer de faire débloquer ces dossiers-là », poursuit-il.
Ottawa tient mordicus à C-51
Selon les partis d’opposition à Ottawa, cette arrestation démontre que les lois actuelles fonctionnent bien. Mais le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, continue de défendre son nouveau projet de loi antiterroriste C-51.
« Plusieurs outils dans le projet de loi C-51 vont renforcer des mesures dont nous disposons pour s’adapter à la menace terroriste, dont la capacité de poser des gestes pour réduire la menace et, lors d’attaque imminente, de procéder à des arrestations afin de porter des accusations et détenir ces personnes », soutient le ministre.
C-51 permettra aussi de« s’en prendre au langage terroriste en rendant illégales la promotion et la dissémination de l’idéologie terroriste », a-t-il poursuivi.
Expulsion possible vers le Pakistan
Mais Jahanzeb Malik ne sera pas accusé d’acte terroriste. Comme il n’est pas citoyen canadien, les autorités ont plutôt choisi de l’expulser du pays, vers le Pakistan, parce qu’il est considéré comme une menace à la sécurité nationale.
« Dans une procédure criminelle, le fardeau de preuve est relativement élevé. On a aussi un déploiement judiciaire coûteux et un résultat incertain, la personne peut être acquittée », explique le professeur Stéphane Leman-Langlois.
« Tandis que si on utilise un processus administratif, comme l’extradition d’une personne qui n’est pas citoyenne canadienne, c’est plus facile, parce que le fardeau de la preuve est moins lourd et plus rapide, et ça permet de garder l’individu en détention préventive », donc de le neutraliser, conclut-il.
Jahanzeb Malik doit comparaître à nouveau lundi prochain, devant la Commission de l’immigration et du statut de réfugié.
Son avocat n’a pas présenté de plaidoyer pour l’instant, selon la commission.