Un chef de la mafia montréalaise abattu

Sollecito, 67 ans, venait vraisemblablement de quitter une tour à condos où il habitait à bord de son VUS BMW blanc vers 8h30, lorsqu’il a été atteint de plusieurs projectiles par un individu qui l’attendait dans un abribus, sur le boulevard Saint-Elzéar ouest, entre Chomedey et Curé-Labelle, tout près de l’une des entrées du Marché 440.

Ce sont vraisemblablement des ouvriers de la construction, affairés sur des chantiers situés à proximité, et des résidants du secteur, qui ont communiqué avec le 911 et alerté les policiers. Appelés sur les lieux, les techniciens paramédicaux d’Urgences Santé ont transporté la victime, mais le décès de cette dernière aurait été rapidement constaté. Puisqu’il s’agit d’un meurtre lié au crime organisé, l’enquête a été confiée à la Division des Crimes contre la personne de la Sûreté du Québec.

Un acteur majeur

Depuis la mort naturelle du parrain Vito Rizzuto en décembre 2013, Sollecito était devenu, selon des sources policières, le conseiller de la nouvelle table de direction de la mafia montréalaise sur laquelle siégeaient principalement des membres de la deuxième génération de familles siciliennes établies.

Rocco Sollecito était le père de Stefano Sollecito, que la police considérait, jusqu’à tout récemment du moins, comme le nouveau chef de la mafia montréalaise, en compagnie de Leonardo Rizzuto, fils cadet de Vito Rizzuto. Rappelons que les deux hommes sont détenus depuis l’opération Magot-Mastiff qui a décapité le crime organisé montréalais le 19 novembre dernier.

Rocco Sollecito, qui était responsable du volet de la construction pour le clan des Siciliens, a été arrêté dans l’historique rafle antimafia Colisée de la GRC en novembre 2006 et condamné à huit ans de pénitencier. Il avait été libéré une première fois en 2011, mais sa libération conditionnelle avait été suspendue pour non-respect des conditions. Il avait été libéré d’office l’année suivante et aurait joué un rôle important en préparant le retour de Vito Rizzuto à Montréal à l’automne 2012, après que ce dernier eut écoulé une sentence de six ans aux États-Unis pour les meurtres de trois lieutenants de la famille Bonanno commis à New York en 1981.

Sollecito n’est ni sicilien ni calabrais. Il était originaire de la région de Bari, en Italie, et était très proche du consigliere Paolo Renda enlevé en mai 2010 et disparu depuis.

En 2010, au moment où le clan Rizzuto faisait l’objet d’une première tentative de putsch, les policiers avaient visité Sollecito au pénitencier pour lui dire que sa vie était menacée. Après sa première libération en 2011, il devait se rapporter huit fois par semaine aux autorités, une mesure extraordinaire.

Le premier mars dernier, un lieutenant de la mafia sicilienne que la police considérait comme un parrain potentiel et qui avait également été condamné après l’opération Colisée, Lorenzo Giordano, a été tué à Laval.

Cet assassinat et celui de Rocco Sollecito semblent vouloir confirmer un changement de garde et un nouvel ordre qui serait en train de s’établir au sein de la mafia montréalaise.

Selon plusieurs sources, il semble que Rocco Sollecito souffrait d’une maladie grave.

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