Syrie: les rebelles à l’attaque pour briser le siège d’Alep

L’ancienne capitale économique de la Syrie est un enjeu majeur tant pour le régime du président Bachar al-Assad que pour les insurgés qui se combattent depuis 2011 dans une guerre qui a fait plus de 300 000 morts.

Contrôler Alep – aujourd’hui divisée entre des quartiers tenus par les insurgés dans l’est et des zones aux mains du régime dans l’ouest – est en effet un atout déterminant pour s’assurer le pouvoir dans le nord du pays.

« Toutes les factions de Jaich al-Fatah [coalition des principaux mouvements djihadistes et islamistes] annoncent le début de la bataille pour briser le siège d’Alep », a indiqué à l’AFP le commandant militaire et porte-parole du groupe islamiste rebelle Ahrar al-Sham, Abou Youssef al-Mouhajir.

La bataille « va mettre fin à l’occupation des quartiers ouest par le régime et au siège imposé à notre peuple dans Alep », a-t-il ajouté.

Les quartiers rebelles d’Alep sont assiégés par l’armée syrienne depuis juillet.

Le front actuel s’étend sur 15 km à la lisière ouest de la ville, avec l’appui de 1500 rebelles venus de la province d’Alep et d’Idleb, au nord-ouest, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

« Le siège sera brisé. Nous allons protéger les civils, les écoles et les hôpitaux des attaques russes et on va apporter à notre peuple de la nourriture et des médicaments », a indiqué à l’AFP Yasser Al-Youssef, un responsable de Noureddine al-Zinki, un groupe rebelle d’Alep.

Centaines de roquettes tirées

Les rebelles ont tiré des « centaines de roquettes » sur les quartiers ouest tenus par le régime, « tuant 15 civils, dont une femme et deux enfants, et blessant plus d’une centaine d’autres », selon l’OSDH.

Ces bombardements sont accompagnés de violents combats à la lisière des zones gouvernementales d’Alep. Dans ces dernières, trois attentats suicide à la voiture piégée ont visé un poste de contrôle à Dahiyet al-Assad, selon la même source.

L’ONG a également fait état de nombreuses roquettes tirées sur l’aéroport militaire de Nayrab et sur l’aéroport international d’Alep, situés dans l’est de la ville mais contrôlés par le gouvernement.

Dans une vidéo postée sur Twitter, Ahrar al-Sham a filmé les salves de roquettes tirées par les rebelles sur l’aéroport militaire de Nayrab, montrant une épaisse fumée grise s’élever au-dessus du complexe.

Forte pluie et pneus brûlés

Selon le correspondant de l’AFP dans la partie rebelle d’Alep, les habitants ont brûlé des pneus provoquant une fumée noire censée les protéger des frappes aériennes, mais beaucoup se sont éteints à cause d’une forte pluie qui entrave tout autant les opérations de l’aviation syrienne. « Une zone d’exclusion aérienne divine », a commenté un rebelle d’Ahrar al-Sham.

Des minarets s’échappent des « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand) alors que les habitants font preuve d’optimisme.

Par ailleurs, dans l’ouest du pays, les insurgés, depuis la province rebelle d’Idleb, ont pilonné la région de Lattaquié, fief du régime, tuant une personne et en blessant six.

Des roquettes ont touché l’aéroport militaire de Hmeimim, au sud de la ville de Lattaquié, utilisé par l’armée russe, et Qardaha, berceau de la famille Assad, a rapporté l’OSDH.

De son côté, l’agence de presse officielle syrienne Sana, citant une source militaire, a indiqué que l’aviation syrienne avait mené des frappes sur les positions de Jaich al-Fatah dans les banlieues ouest et sud d’Alep, rapportant la mort « de plusieurs terroristes et la destruction de leur armement ».

La télévision syrienne a annoncé dans un bandeau que l’armée avait « bloqué une tentative des terroristes d’attaquer avec des voitures piégées sur plusieurs fronts à Alep », affirmant que « les groupes terroristes n’ont réalisé aucune avancée ».

Les quartiers est de la ville, où vivent au moins 250 000 habitants, sont en état de siège depuis le 17 juillet. Les rebelles avaient réussi le 6 août à briser ce siège très brièvement.

Le 22 septembre, l’armée syrienne avait annoncé une offensive majeure pour s’emparer de la totalité d’Alep mais ses succès avaient été limités, malgré l’appui de l’aviation russe.

Moscou a interrompu ses bombardements quelques jours à partir du 18 octobre.

L’offensive des rebelles sur Alep a lieu au moment où sont réunis à Moscou les chefs de la diplomatie russe, iranienne et syrienne. L’Iran et la Russie soutiennent financièrement et militairement le régime du président Assad.

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