La pagaille au Québec n’a rien à voir avec celle qui se manifeste dans les rues de Katmandou, capitale du Népal, ou ailleurs dans ce pays de l’Himalaya. Il n’y a pas de débris, pas de gens couchés dans les rues, pas de morts ou de blessés à la suite du puissant séisme d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter survenu samedi midi (heure locale).
La peur de ne jamais retrouver ses proches est toutefois la même pour tous les Népalais, donc ceux du Québec, qui ont pour la plupart encore de la famille ou des amis à l’autre bout du monde.
Muga Rajbhandari, président de l’Association des Népalais au Québec (ANQ), a sauté sur son téléphone et son ordinateur dès les petites heures du matin pour essayer d’entrer en contact avec les autorités du Népal.
Dès 6h, avec d’autres ressortissants, il a organisé une cellule de crise en vue d’apporter du soutien, selon leurs moyens, aux victimes et à leurs proches. La priorité de l’ANQ était samedi de colliger le plus d’informations possible afin de rassurer la communauté installée au Québec. «Nous voulons contacter nos familles et nos amis au Népal», a dit M. Rajbhandari, joint par Le Soleil. «Pour l’instant, la plupart de ceux [qui ont été joints] sont sains et saufs. Mais certaines personnes sont blessées. On croise les doigts.»
Peu de ressources
L’ANQ, une petite organisation à but non lucratif basée à Montréal, a beaucoup de monde à joindre et beaucoup de monde à calmer, avec peu de ressources. Le Québec compte environ 6000 ressortissants népalais. Beaucoup d’entre eux se sont installés dans la province en 2009, arrivés ici avec le statut de réfugiés. Il y aurait 200 familles à Québec, environ 100 dans la métropole et quelques autres à Sherbrooke.
Il n’était pas évident d’obtenir des nouvelles de ses proches depuis l’extérieur du Népal, samedi, puisque la majorité des moyens de communication étaient en panne. Sur le terrain, les dommages sont monstrueux et s’étendent aux quatre coins du pays.
«Internet ne fonctionne pas, et il y a peu de lignes téléphoniques terrestres», a expliqué M. Rajbhandari. «Il y a quelques cellulaires qui fonctionnent, mais sans plus.» Lorsqu’il est possible d’avoir une tonalité ou une connexion, «les gens ne sont plus dans leurs maisons» de peur qu’elles ne s’écroulent. Ils ne peuvent donc pas répondre aux signaux qui leur sont envoyés.
Selon les informations de l’ANQ, des blessés sont traités directement dans les rues. Une partie de la population a dû passer la nuit à l’extérieur, toujours par crainte de regagner les bâtiments parfois chambranlants. Et pour cause, le Népal a été frappé par près d’une trentaine de nouvelles secousses après le tremblement de terre principal. Ces séismes ont oscillé entre des magnitudes de 4 et de 6,6 et sont tous survenus en l’espace de sept ou huit heures.
L’ANQ a rapidement pu mettre en ligne un site Web permettant d’amasser des dons pour aider à la reconstruction et aux soins des sinistrés. L’association avait bon espoir d’amasser 10 000 $ dans la journée de samedi. Elle est aussi en communication avec la Croix-Rouge canadienne, qui récolte également de l’argent pour aider les Népalais.
Marché népalais
À Québec comme tel, la propriétaire du Marché Népalais, dans Limoilou, fait ce qu’elle peut pour aider. À l’entrée du magasin, Bhimaya Kharel Chlretri a installé une boîte de fortune pour accumuler les dons. Mais comme l’ANQ et les autres Népalais de la province, elle a de la difficulté à joindre ses proches. «On est vraiment tristes et inquiets [pour nos familles]. La ligne ne fonctionne pas et on ne peut pas les contacter», a-t-elle raconté. Un oncle habite notamment Katmandou et reste introuvable. «Tout ce qu’on peut faire pour le moment, c’est de prier pour eux.»
Pour donner au fonds d’aide aux sinistrés népalais de l’ANQ : www.indiegogo.com/projects/anq-montreal-nepal-earthquake-relief-fund ou www.croixrouge.ca/