Sahara occidental. Le chef du Polisario Mohamed Abdelaziz est mort – Ouest

Le front Polisario, qui se bat depuis 40 ans ans contre le Maroc pour l’indépendance du Sahara occidental, a perdu son dirigeant historique Mohamed Abdelaziz.

Le dirigeant indépendantiste avait 67 ans et souffrait d’un cancer du poumon, selon l’agence algérienne APS. Mais le mouvement indépendantiste, qui a annoncé la mort de son chef, n’a pas fourni de précisions sur les circonstances de ce décès. Ses responsables étaient réunis « en conclave » en fin d’après-midi selon un dirigeant du Polisario. 

Le successeur de Abdelaziz sera désigné lors d’un congrès extraordinaire convoqué dans un délai maximum de 40 jours. En attendant, le président du Conseil national sahraoui, Khatri Addouh, assurera l’intérim, selon les sources sahraouies. 

Un deuil de 40 jours Mohamed Abdelaziz devrait être inhumé dans ce que les Sahraouis appellent les « territoires libérés », situés derrière le mur de défense érigé par le Maroc, selon un dirigeant du Polisario. « La date dépendra des préparatifs qui sont en cours », a ajouté ce dirigeant. 

En février dernier, Mohamed Abdelaziz était apparu affaibli en recevant le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon dans un camp de réfugiés à Tindouf, en territoire algérien. 

Le Polisario a décrété un deuil de 40 jours pour rendre hommage à son chef. 

« Il incarnait la sagesse » « C’est une grande perte pour le peuple sahraoui », a déclaré un responsable du Polisario, Mohamed Keddad. « Il a sacrifié sa vie pour la libération du Sahara occidental. Il incarnait la sagesse, la pondération, l’engagement sincère et ferme pour la libération du Sahara occidental », a-t-il ajouté. 

Mohamed Abdelaziz, dirigeant historique du mouvement indépendantiste et militant intransigeant, était depuis 1976 à la tête du Polisario, qui avait été fondé trois ans auparavant pour défendre avec le soutien de l’Algérie l’indépendance de l’ancienne colonie espagnole, annexée par le Maroc en 1975. 

En Algérie, le président Abdelaziz Bouteflika a décrété un deuil de huit jours et ouvert la réunion d’un Conseil des ministres par une minute de silence en hommage au dirigeant indépendantiste, a annoncé la télévision. 

Un plan de l’Onu bloqué depuis 1992 « Il a vécu en combattant » mais « était enclin à la paix » et « n’avait de cesse d’appeler ses adversaires à entendre la voix de la raison pour éviter l’effusion de sang des frères », a affirmé M. Bouteflika. 

Un plan de l’Onu pour un référendum d’autodétermination du Sahara occidental est bloqué depuis 1992 par le Maroc qui milite en faveur d’une large autonomie sous sa propre souveraineté. 

Une Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) y supervise depuis un cessez-le-feu formellement proclamé par le Polisario en septembre 1991. 

Lutte clandestine Issu de la tribu des Reguibat, l’une des trois grandes tribus sahraouies, Mohamed Abdelaziz est né en août 1948 selon l’agence algérienne APS. Son lieu de naissance reste imprécis : Marrakech (sud du Maroc) selon les sources marocaines, Smara (Sahara occidental), selon l’agence APS. 

Il a fait ses études primaires et secondaires dans le sud marocain, où ses parents se sont installés au milieu des années 1950. Son père était un ancien sous-officier de l’armée royale marocaine. 

À la fin des années 1960, il est à Rabat et Casablanca, où il rencontre les premiers militants nationalistes sahraouis, qui fréquentaient alors les universités marocaines. Dans ces milieux très activistes, il fait ses premières armes dans la politique, avant de passer à la lutte clandestine puis ouverte. 

Il devient le « numéro un » sahraoui en 1976 Aux côtés de Mustapha Sayed el-Ouali, il participe à la création du Front Polisario en mai 1973, et en devient un des principaux chefs militaires. Avec Brahim Ghali, il organise les premiers raids contre les garnisons espagnoles. 

Il participe lui-même aux opérations, et continuera de le faire pendant quelques années lorsqu’il devient le « numéro un » sahraoui, en 1976. 

À la tête du Polisario, ce militant intransigeant abandonne progressivement l’anonymat militaire pour acquérir la stature d’homme d’État. Mais il mène méthodiquement l’action militaire, sur laquelle il s’appuiera pour en tirer les bénéfices politiques et diplomatiques. 

« Le peuple sahraoui poursuivra le combat », a promis Mohamed Keddad. « Les qualités de Mohamed Abdelaziz vont illuminer la voie vers le parachèvement de la libération du Sahara occidental », a poursuivi ce dirigeant.

Laisser un commentaire