Quatre chefs liés au terrorisme contre deux étudiants de Maisonneuve – Radio

L’air inquiet, El Mahdi Jamali, 18 ans, et sa petite amie, Sabrine Djermane, elle aussi âgée de 18 ans, ont comparu ce matin pour être inculpés de quatre chefs d’accusation reliés à des activités terroristes.

Un texte de Isabelle RicherTwitterCourriel

Si l’on en croit la dénonciation, les deux étudiants du Collège de Maisonneuve auraient fait bien plus que sympathiser à une cause : ils auraient notamment fabriqué ou ont eu leur possession un engin explosif.

Selon les preuves recueillies par la GRC jusqu’à maintenant dans ce dossier, les deux amoureux auraient, depuis le début de l’année, tenté de quitter le pays dans le but de se rendre à l’étranger pour y commettre un acte terroriste. Il s’agit du premier chef d’accusation déposé contre eux.

La procureure du Service des poursuites pénales du Canada, Me Lyne Décarie, n’a pas voulu révéler dans quel pays les deux jeunes accusés projetaient de se rendre, mais on peut déduire qu’il s’agit d’un pays du Moyen-Orient.

La poursuite leur reproche aussi d’avoir fabriqué ou d’avoir eu en leur possession une bombe avec l’intention de mettre la vie en danger ou de causer des dommages graves à des biens. Les deux jeunes sont également accusés d’avoir agi au profit ou sous la direction d’un groupe terroriste.

Finalement, la dénonciation révèle qu’entre le 4 février et le 14 avril 2015, jour de leur arrestation, El Mahdi Jamali et Sabrine Djermane ont sciemment facilité une activité terroriste. L’avocate de la poursuite n’a pas voulu donner de détails sur les gestes précis qu’on leur reproche.

Comparution 

C’est vers 11 h 30 que les avocats des deux jeunes et la procureure de la poursuite fédérale se sont retrouvés devant la juge Silvie Kovacevich de la Cour du Québec.

El Mahdi Jamali a chuchoté quelques mots à l’oreille de sa petite amie Sabrine Djermane, puis a jeté un regard dans la salle d’audience, cherchant des yeux les proches qui étaient venus assister à la comparution.

La poursuite a annoncé qu’elle transmettrait d’autres éléments de preuve à la défense au cours de la semaine, de sorte que le dossier a été reporté à vendredi, simplement pour fixer une date pour la tenue de l’enquête sur remise en liberté.

La juge s’est adressée aux deux jeunes qui se tenaient bien droits et muets dans le box des accusés pour leur expliquer que leur cause était remise, en attendant que la défense ait tous les documents en mains.

Arrestation préventive

El Mahdi Jamali et Sabrine Djermane ont été arrêtés de manière préventive mardi dernier par la GRC, qui disait avoir des raisons de craindre qu’ils commettent une infraction reliée au terrorisme.

Me Lyne Décarie entendait leur faire signer un engagement de respecter plusieurs conditions, tout comme Merouane Ghalmi et Daniel Minta Darko avant eux, deux jeunes Montréalais de Pierrefonds et de Dollard-des-Ormeaux qui avaient accepté, notamment, de porter un bracelet électronique.

Cependant, dès leur comparution mercredi dernier, l’avocate du Service des poursuites pénales du Canada convenait qu’il était possible que des accusations soient déposées.

Quant à Me Marc Giroux, qui représente El Mahdi Jamali, il a dit en savoir bien peu pour l’instant sur les circonstances de l’affaire, puisqu’il vient à peine de recevoir la preuve recueillie par les enquêteurs de la GRC.

« Aujourd’hui, on connaît la nature des accusations déposées contre eux, on va prendre connaissance de la preuve pour voir si ces accusations sont fondées ou pas et par la suite, nous tiendrons une enquête sur la remise en liberté », a expliqué Me Giroux.

En matière de crimes reliés au terrorisme, le fardeau repose sur la défense, qui doit démontrer que la remise en liberté des prévenus peut être accordée sans poser un risque à la sécurité du public.

Appel « inapproprié » de la GRC au bureau de la juge

La juge Silvie Kovacevich a décoché une flèche à l’endroit de la GRC, en informant l’avocate de la poursuite qu’elle avait reçu, à son bureau, un appel tout à fait déplacé.

« Ce matin, nous avons reçu au bureau un appel d’un policier nous demandant de traiter ce dossier en priorité. Cet appel était inapproprié », a lancé la juge à Me Décarie, qui a ensuite quitté la salle entourée d’une équipe d’enquêteurs de la GRC.

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