Paul Saint-Pierre Plamondon, l’orphelin politique devenu candidat péquiste

Paul Saint-Pierre Plamondon a lancé vendredi sa campagne à la chefferie du PQ drapé du slogan : « Redonnons le Parti québécois aux Québécois, à tous les Québécois. »

L’« orphelin politique » Paul Saint-Pierre Plamondon grossit les rangs de la seule formation politique apte à ses yeux à mettre fin à l’« impasse politique » dans laquelle le Québec est englué : le Parti québécois.

 

« Un autre mandat du Parti libéral à partir de 2018 jusqu’en 2022 aurait des conséquences catastrophiques autant sur les plans social, économique, culturel […], mais surtout sur notre confiance en nous-mêmes », a déclaré le « 5e candidat » à la succession de Pierre Karl Péladeau lors d’une conférence de presse au coeur du centre-ville de Montréal. Pour l’occasion, l’avocat de 39 ans était entouré d’une dizaine de personnes. « Je pense sincèrement que le Parti québécois est le seul à pouvoir nous sortir à cette impasse. Il l’a déjà fait dans le passé », a-t-il ajouté.

 

Saint-Pierre Plamondon a dit s’être « donné la mission de reconnecter le Parti québécois avec ses valeurs fondatrices » pour réparer le « bris de confiance » entre « une grande proportion de la population » et le parti politique de René Lévesque. « Le Parti québécois a déjà été un grand parti », a-t-il souligné.

 

Pour y parvenir, le PQ doit notamment faire un « trait non équivoque » sur l’épisode de la charte des valeurs québécoises, puis « devenir le leader en matière de prévention du racisme et de toutes les formes de discrimination » au Québec, a dit M. Saint-Pierre Plamondon, précisant du même souffle avoir adhéré au PQ malgré les réticences de « trois [de ses amis] racisés ».

 

D’autre part, le « fédéraliste déçu » a rapidement écarté la tenue d’un référendum sur l’indépendance dans un premier mandat, préférant consentir ses énergies à la recherche du « bien-être commun ». Face à un réseau de la santé qui est « malmené », un système d’éducation qui s’« effrite », le PQ a la mauvaise manie de « discute[r] encore de l’échéancier, du calendrier référendaire » et d’échafauder un nouveau « stratagème référendaire », a-t-il déploré.

 

M. Saint-Pierre Plamondon a épousé la cause indépendantiste en plein coeur du scandale des commandites, durant lequel il travaillait à titre d’avocat. « Il y a des événements marquants dans la vie qui font qu’on change d’opinion », s’est-il contenté de dire.

 

« En réserve »

 

Le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, s’est réjoui de voir M. Saint-Pierre Plamondon grossir les rangs du PQ. « Paul contribue au rassemblement des forces souverainistes », a-t-il fait valoir. L’élu péquiste a cependant reconnu avoir été étonné de voir M. Saint-Pierre Plamondon faire, finalement, une profession de foi indépendantiste. « [Il] a gardé ses opinions sur la question nationale en réserve, sans doute qu’il a ses convictions, il aura sans doute la chance de nous présenter sa vision, son plan de match et la façon pour lui que le Québec accède à la souveraineté. »

 

M. Cloutier a su rallier jusqu’à aujourd’hui 10 membres du caucus péquiste ainsi que des dizaines de personnalités de tous horizons. Il a toutefois échoué à convaincre M. Saint-Pierre Plamondon — un homme de « beaucoup de talents » — de se rallier à sa candidature.

 

De son côté, le député de Rosemont, Jean-François Lisée, a « applaudi » vendredi le « signal » envoyé par M. Saint-Pierre Plamondon : « l’orphelinat, c’est terminé. Il y a une famille pour vous. Elle n’est pas parfaite, venez l’améliorer ! » Il a appelé « tous les orphelins » à emboîter le pas de M. Saint-Pierre-Plamondon. « Que les derniers entrés laissent la porte ouverte ! »

 

Les Orphelins politiques se sont contentés de saluer l’initiative de leur ancienne figure de proue, estimant qu’il a une « opportunité de porter les idées de progressisme et d’inclusion […] dans un nouveau forum politique ».

 

Même s’ils ont amassé seulement la moitié de leur objectif de financement (15 000 $ sur 30 000 $), les Orphelins politiques comptent poursuivre leurs travaux, déplorant toujours que « [leurs] aspirations ne trouvent pas écho dans les discours et les actions politiques actuels ». « Bien que nous soyons conscients que ce geste ne ralliera pas le soutien de l’ensemble des Orphelins, nous sommes persuadés que le mouvement est toujours pertinent et nécessaire dans sa mission de diversifier et améliorer le paysage politique québécois », ont-ils écrit vendredi.

 

Les Orphelins politiques n’est pas le mouvement d’un seul homme. D’ailleurs, les administrateurs du mouvement ont modifié la bannière de leur page Facebook en milieu de semaine, troquant une photo de M. Saint-Pierre Plamondon pour celle de six adhérents, dont l’ex-élu libéral Gilles Ouimet.

 

Cependant, quelques personnes n’ont pas tardé à déplorer le « revirement » de M. Saint-Pierre Plamondon. « Le regroupement des Orphelins politiques semblait être une avenue intéressante… […] Vraiment déçu », a écrit l’une d’elles.

 

D’ici la fin du mois, Paul Saint-Pierre Plamondon a la lourde tâche d’amasser 20 000 $ ainsi que 1500 signatures de membres en règle du PQ afin que l’état-major de la formation politique inscrive son nom sur le bulletin de vote officiel. « C’est un défi colossal, [mais] possible », a-t-il reconnu vendredi.

Avec Dave Noël

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