L’accident de Lac-Mégantic a fait 47 morts.
Photo : Transportation Safety Board of Canada/Reuters
Un an et demi après la tragédie ferrovaire survenue à Lac-Mégantic, la ministre des Transports Lisa Raitt serre un peu plus la vis aux transporteurs dans un nouveau projet de loi déposé aux Communes vendredi.
« Présentement, la loi dit que les gens blessés dans un accident ferroviaire comme celui de Lac-Mégantic doivent s’adresser aux tribunaux et prouver qu’il y a eu faute ou négligence, a expliqué la ministre Lisa Raitt. Avec les changements que nous apportons, ils n’auront plus à le faire. L’assurance de la compagnie les dédommagera. La compagnie pourra tenter de blâmer quelqu’un d’autre, mais ce ne sera pas le problème des victimes. »
En conséquence, les transporteurs devront disposer d’une assurance responsabilité accrue. Les planchers seront déterminés par le type et la quantité de pétrole transporté.
La couverture s’étendra entre 25 millions $ et 1 milliard $.
Mais cette mesure laisse ce consultant en sécurité ferroviaire sceptique.
« On se rend bien compte qu’il y a un problème au niveau de la couverture, dit Jacques Vandersleyen. Pour une compagnie comme la MMA, elle devra avoir une couverture d’au moins 125 millions de dollars alors, si cette compagnie est capable d’avoir ce type de couverture. (…) Et avec le type de transport de marchandises est-ce que cette couverture est suffisante, car la potentialité de dégâts d’un seul train dépasse largement, largement les couvertures d’assurances. »
L’ex-régulateur à la Société nationale des chemins de fer belges doute aussi de l’efficacité de l’embauche d’inspecteurs, comme prévu avec les nouvelles mesures annoncées par la ministre . « Je pense qu’il s’agit de 150 inspecteurs pour l’ensemble du Canada pour 42 000 kilomètres de voies (…) » Pour Jacques Vandersleyen cela veut dire qu’un seul inspecteur couvrirait une distance aussi longue que la voie entre Matapédia et Gaspé.
Par ailleurs, le projet de loi prévoit que les compagnies de chemin de fer devront contribuer à un nouveau fonds : 22 cent par baril transporté, de quoi amasser environ 50 millions par année, une somme qui servirait en cas de tragédie.
En vertu des mesures proposées par Ottawa, les employés des compagnies de chemin de fer pourront signaler tout danger sans crainte de représailles. La ministre pourra faire arrêter un service si elle a des doutes sur la sécurité.
À Lac-Mégantic, on croit que c’est un pas dans la bonne direction, mais que ça ne règle pas tout. Le maire suppléant Richard Michaud. « On sera entièrement satisfait lorsqu’on aura obtenu la voie de contournement », dit-il.
La ministre des Transports du Canada, Lisa Raitt
Photo : PC/Presse canadienne
Avec les informations de Martin Bégin