Obama n’exclut pas d’armer l’Ukraine

WASHINGTON – Le président américain Barack Obama a laissé lundi la porte ouverte à des livraisons d’armes à l’Ukraine pour se défendre contre des séparatistes prorusses, à deux jours d’un sommet crucial pour la paix en Europe sous l’égide de l’Allemagne et de la France.

Avant cette réunion de «la dernière chance» prévue mercredi à Minsk entre les présidents russe Vladimir Poutine, ukrainien Petro Porochenko, français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, cette dernière était lundi à Washington pour exposer à M. Obama ce plan de paix européen.

Simultanément, l’Union européenne a reporté la mise en œuvre de nouvelles sanctions contre la Russie pour laisser une chance au sommet de Minsk dans l’espoir qu’il mette fin à dix mois de conflit dans l’Est de Ukraine qui ont fait plus de 5 000 morts.

Pour aider les forces ukrainiennes, la livraison «d’armes défensives est l’une des options envisagées. Mais je n’ai pas encore pris de décision», a indiqué le président Obama lors d’une conférence de presse avec Mme Merkel, après une semaine de débat public à Washington sur l’opportunité de fournir des «armes défensives létales» à Kiev.

«Notre objectif n’est pas d’équiper l’Ukraine pour qu’elle poursuive des opérations offensives mais simplement qu’elle puisse se défendre», a fait valoir Barack Obama, dont le gouvernement semble enclin à doper son assistance militaire à Kiev.

Au contraire, Berlin et Paris y sont hostiles.

Mme Merkel n’a d’ailleurs pas caché son inquiétude face au péril qui menace la «paix en Europe», l’année du 70e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale sur le Vieux continent. 

«Pour quelqu’un qui vient d’Europe, je peux simplement dire que si nous renonçons au principe de l’intégrité territoriale, nous ne serons pas en mesure de maintenir l’ordre de la paix en Europe», a mis en garde la dirigeante allemande.

«Règlement diplomatique»

Mme Merkel est très impliquée avec M. Hollande pour trouver une solution diplomatique entre l’Ukraine et la Russie et le couple franco-allemand, ressoudé, est allé ces derniers jours à Kiev et à Moscou pour présenter son initiative de paix aux présidents Porochenko et Poutine.

Et même si Américains et Européens paraissent diverger sur l’attitude à avoir face à la Russie, le président Obama a assuré qu’il «continuait d’encourager un règlement diplomatique» du conflit. «Nous ne cherchons pas l’échec de la Russie (…) ni à ce qu’elle soit affaiblie», a-t-il martelé, les relations entre Washington et Moscou étant au plus bas depuis la fin de la Guerre froide.

Mais, a prévenu le chef de la première puissance mondiale, Moscou «ne peut pas redessiner les frontières de l’Europe par la force des armes». 

Les Occidentaux accusent la Russie d’armer les séparatistes prorusses dans l’Est de l’Ukraine et d’y envoyer hommes et matériels, ce que Moscou nie.

Contrôle de la frontière ukraino-russe

Un des points cruciaux du plan de paix européen est le contrôle de la frontière ukraino-russe dans les territoires aux mains des rebelles.

«Le contrôle de la frontière devrait être réalisé par l’OSCE. C’était notre proposition et celle de l’OSCE, mais les Russes la bloquent», a déclaré lundi à l’AFP un des plus hauts responsables de la diplomatie ukrainienne, Olexi Makeev. 

Le plan, qu’on ne connaît pas dans sa totalité, vise à faire appliquer les accords de paix conclus en septembre à Minsk et prévoit une plus large autonomie des régions rebelles. Il retiendrait la ligne de front actuelle et prévoirait une zone démilitarisée de 50 à 70 kilomètres de large le long de celle-ci.

Mais Kiev a maintes fois jugé inacceptable de retenir l’actuelle ligne de front. Les séparatistes occupent en effet 500 km2 supplémentaires par rapport à septembre.

Une autre question litigieuse concerne le «statut des territoires« conquis par les séparatistes, Moscou insistant sur la constitution d’une fédération, idée évoquée aussi dans certaines capitales européennes. L’Ukraine la dénonce, y voyant une tentative du Kremlin de s’assurer un droit de veto sur les décisions de Kiev, et n’accepte que la perspective d’une plus large autonomie de ces régions.

La tenue du sommet de Minsk est d’ailleurs encore incertaine, selon le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier.

Dans l’attente, l’UE a certes confirmé lundi le principe de nouvelles sanctions décidées après le bombardement en janvier par les rebelles prorusses de la ville ukrainienne de Marioupol (31 morts), mais elle a reporté au 16 février leur entrée en vigueur «pour laisser de la marge aux efforts diplomatiques».

Sur le terrain, le bilan des hostilités s’est encore alourdi avec vingt morts dont 11 civils, selon les chiffres donnés séparément lundi par Kiev et les rebelles.

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