« Le choix du prochain chef sera déterminant pour l’avenir du Québec. Au fond, le parti a deux routes devant lui : celle du bon gouvernement provincial, une voie qui nous a amenés au résultat de 2014, ou la voie de l’indépendance, cette voie que nous avons trop longtemps mise de coté », a-t-elle lancé devant de nombreux partisans, dont le député bloquiste de La Pointe-de-l’Île, Mario Beaulieu, l’ex-ministre péquiste Gilbert Paquette ainsi que les comédiens Sylvie Legault et Denis Trudel.
Le temps de l’attente est terminé. Ça fait 20 ans que nous attendons. À ce rythme, si nous ne donnons pas un sérieux coup de barre au mouvement indépendantiste, nous allons continuer d’attendre longtemps, comme les spectateurs de notre avenir.
L’ex-ministre des Ressources naturelles du gouvernement Marois a aussi parlé de la nécessité de faire cesser le « saccage » de la province par le Parti libéral du Québec et de sa volonté de mettre en oeuvre son plan de développement économique Climat Québec 2030, basé notamment sur l’électrification des transports, qu’elle a présenté le 9 mai dernier.
Ce plan, qui prévoit des investissements de 15 milliards de dollars d’ici 2030, est susceptible de créer 30 000 emplois par année, selon elle.
Elle s’est aussi vertement attaquée à la démocratie canadienne, un « marché de dupes », a-t-elle dit, dans lequel le Canada anglais impose ses volontés au Québec. Elle notamment dénoncé que le reste du Canada a imposé au Québec le « gouvernement d’extrême droite » de Stephen Harper pendant 10 ans et qu’il tente d’imposer le projet Énergie Est au Québec.
Elle a aussi attaqué l’actuel ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, qui, dit-elle, s’écrase toujours « devant Toronto, Ottawa et Calgary » au détriment du Québec. « Plus ça change, plus c’est pareil avec les Trudeau », a-t-elle lancé.
Un projet de constitution cet été
Mme Ouellet a aussi dévoilé qu’elle présentera avant l’été une « constitution de transition » d’un Québec indépendant. Le document sera préparé par le constitutionnaliste André Binette, qui avait travaillé au référendum de 1995 avec Jacques Parizeau. « Il faut montrer aux gens à quoi va ressembler ce pays-là », a-t-elle fait valoir.
« Je n’attendrai pas à la fin de la course pour commencer à donner des réponses. Je l’ai trop entendu celle-là depuis 20 ans : « va falloir donner des réponses », « faut réinventer le discours souverainiste », « il faut renouveler notre discours », « il faudra trouver une nouvelle façon de s’adresser aux jeunes ». Moi, je n’ai pas envie de vous dire ça, j’ai envie de le faire », a ajouté Mme Ouellet.
[L’indépendance], c’est de pouvoir rapatrier tous nos impôts, de voter toutes nos lois et négocier tous nos accords à l’international. […] Moi, je vous le dis: il est urgent qu’on devienne indépendant. À chaque jour où nous continuons d’être une province, nous reculons.
La candidature de Mme Ouellet n’était plus qu’un secret de Polichinelle. Elle avait d’ailleurs participé à une activité de financement du parti, jeudi, aux côtés des trois autres candidats déclarés, Alexandre Cloutier, Véronique Hivon et Jean-François Lisée.
Elle avait déjà récolté de nombreux appuis, dont ceux des députés bloquistes Marilène Gill, Michel Boudrias et Xavier Barsalou-Duval, ainsi que celui de Louis Bernard, grand mandarin de l’État dans les gouvernements de René Lévesque et de Jacques Parizeau. Un groupe de 50 militants souverainistes a également annoncé la formation de la Coalition pour un engagement indépendantiste clair et s’est rangé derrière elle.
Mettre fin à l’ambiguïté du PQ
À l’instar de M. Lisée, Mme Ouellet n’a cependant aucun appui déclaré au sein de la députation péquiste. Alexandre Cloutier en a 10, contre 5 pour Véronique Hivon.
Lorsqu’un journaliste lui a demandé de s’expliquer à ce sujet, la candidate a avancé qu’elle propose au parti de « prendre un virage », en l’engageant « pleinement à réaliser l’indépendance dans le premier mandat ».
Qu’on développe le vocabulaire qu’on veuille – que ce soit les conditions gagnantes, la gouvernance souverainiste, « quand les Québécois sont prêts » -, je propose de sortir de l’ambiguïté […] qui, malheureusement, a été développée, cultivée au sein du Parti québécois, et particulièrement au caucus, depuis déjà trop longtemps.
L’approche de Mme Ouellet tranche avec celle ses adversaires. M. Cloutier et Mme Hivon soutiennent que le parti doit clarifier ses intentions sur un prochain référendum dans les mois précédant l’élection de 2018, tandis que Jean-François Lisée argue que le parti doit dire haut et fort qu’il ne tiendra pas de référendum lors d’un premier mandat et ne pas engager de fonds publics à ce sujet, afin de mieux se préparer à l’horizon 2022.
« Au moins, Jean-François, sa position a le mérite d’être claire. Mais concernant les deux autres candidatures, on est encore dans l’ambiguïté. Et cette ambiguïté nous a menés au résultat de 2014 », a-t-elle commenté à ce sujet.
Martine Ouellet ne s’inquiète pas du fait qu’elle a terminé la course à la succession de Pauline Marois à la troisième et dernière place, avec l’appui de 13,3 % des membres du parti. « Ce n’est pas du tout la même course », a-t-elle dit, en évoquant un « environnement complètement nouveau ».
En tenant compte des appuis obtenus par Pierre Karl Péladeau et des siens, 70 % des membres ont voté pour un référendum dans un premier mandat, a-t-elle mentionné. Lorsqu’on lui a fait remarquer que M. Péladeau n’avait pas été si clair, elle a soutenu que son poing levé lors de son entrée en politique démontrait bien sa détermination d’aller dans cette direction.
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