Lise Thibault obtient sa libération conditionnelle

«Le risque de récidive est faible. La question n’est pas de déterminer si vous avez été suffisamment punie ou non. Elle consiste plutôt à appliquer les critères prévus à la loi», explique la Commission québécoise des libérations conditionnelles dans une décision de quatre pages rendue publique cet après-midi.

En revanche, les commissaires aux libérations conditionnelles imposent des conditions à l’ancienne lieutenante-gouverneure de 77 ans. Celle-ci devra se rapporter régulièrement au poste de la Sûreté du Québec situé près de chez elle, suivre et compléter une thérapie psychologique avec un professionnel reconnu et le payer, s’il y a lieu, précise les commissaires. Il lui sera également interdit de gérer des fonds publics ou d’organismes caritatifs, y compris sa propre fondation Lise Thibault.

Comme la Reine

Selon le document, durant sa détention de trois mois et devant les commissaires, Lise Thibault a justifié ses dépenses reprochées en mentionnant «qu’elle occupait ses fonctions 24 heures sur 24, qu’elle avait présenté des dépenses durant plusieurs années sans qu’il y ait de commentaires, que ses demandes étaient soumises et remboursées et qu’elle a pris ses décisions en se demandant ce que la Reine aurait fait».

Les services correctionnels indiquent que son comportement a été adéquat durant son incarcération, même si Mme Thibault s’est isolée des autres personnes incarcérées, n’a pas jugé bon de suivre des programmes, a participé aux activités bibliques une fois par semaine et s’est entretenue régulièrement avec l’aumônier et l’animateur de pastorale, peut-on lire dans la décision.

On y apprend également que durant sa détention, Mme Thibault a refusé de se rendre à un rendez-vous médical parce «qu’elle souhaitait conserver sa dignité et son équilibre mental en ne se présentant pas à l’hôpital menottée».

Le professionnel qui a procédé à l’examen du dossier de l’ancienne lieutenante-gouverneure recommandait de ne pas lui accorder sa libération conditionnelle en raison de la gravité de ses délits, de ses valeurs laxistes, du fait qu’elle occupait un poste important et qu’elle devait donner l’exemple, et de sa difficulté à reconnaître ses délits.

Même si les commissaires ont jugé que les crimes commis étaient graves, ils considèrent que la fraude n’était pas organisée et que Mme Thibault a collaboré avec les enquêteurs et plaidé coupable, quoique tardivement.

La Commission note également que Mme Thibault n’a pas d’antécédent judiciaire et que son plan de sortie, soit de maintenir des liens avec sa famille, est adéquat même si l’ancienne lieutenante-gouverneure n’a pas donné accès à l’agent de probation aux membres de sa famille.

Lise Thibault a défilé une première fois devant deux commissaires vendredi dernier, mais puisque la décision a été partagée, elle a eu droit à une autre rencontre, hier, à la prison Leclerc où elle était détenue.

«La décision d’aujourd’hui n’est pas étonnante, tout pointait en ce sens. C’est un crime économique, il n’y a pas eu de violence, elle n’a pas d’antécédent, elle a collaboré et a plaidé coupable. Ils n’avaient pas de raison de la garder. Je ne pense pas que l’on puisse prolonger le séjour en détention d’une personne de cet âge, pour ce genre de crime, du simple fait qu’elle ne reconnaît pas complètement les faits», a réagi l’avocat de Mme Thibault, Me Marc Labelle.

Lise Thibault a été condamnée à 547 jours de prison pour fraude de plus de 5000$ et abus de confiance. Elle a reçu sa sentence le 30 septembre 2015 et est entrée en prison le 25 février dernier.

Elle a occupé la fonction de lieutenant-gouverneur du Québec durant dix ans, de janvier 1997 à juin 2007.

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