Richard Henry Bain, qui fait notamment face à une accusation de meurtre prémédité et à deux de tentatives de meurtre relativement à la fusillade du Métropolis, le soir de l’élection du 4 septembre 2012, ne pourra recouvrer sa liberté.
Le juge Guy Cournoyer, de la Cour supérieure du Québec, a estimé vendredi que l’accusé n’avait pas réussi à convaincre le tribunal qu’il ne représente pas un danger pour le public.
Bain restera détenu jusqu’à son procès, qui devait s’ouvrir au début de 2015, mais qui semble en voie d’être retardé.
Le juge Cournoyer a d’ailleurs annulé la sélection du jury.
En novembre dernier, l’accusé avait plaidé qu’il avait fait une surdose de médication le soir de l’attentat. Son médecin devait venir confirmer les informations de son patient, mais il n’a finalement pas été en mesure de témoigner.
Le magistrat souhaite donc reporter l’audience de janvier afin de faire évaluer l’accusé par le psychiatre Joël Watts. Il aurait été inapproprié, selon le juge, de prendre pour acquis les déclarations de Bain sans avoir de preuves à l’appui.
Bain a indiqué qu’il n’aurait pas beaucoup de choses à confier à un psychiatre puisqu’il dit n’avoir aucun souvenir de la soirée du 4 septembre. Il s’est d’ailleurs livré à un discours enflammé contre l’Institut Pinel, à Montréal, qu’il a décrit comme «séparatiste au boutte».
Le juge Cournoyer, qui a vu le docteur Watts témoigner pendant le procès de Luka Rocco Magnotta, a assuré qu’il était impartial.
L’accusé, qui se représente lui-même, a aussi manifesté sa volonté de se trouver un autre avocat. Il le choisira hors du Québec, pour qu’il ne soit pas biaisé, a-t-il précisé.
Par ailleurs, un nouveau procureur, Me Dennis Galiatsatos, a été nommé vendredi.
L’attentat du Métropolis, survenu au moment où Pauline Marois amorçait son discours de victoire, s’était soldé par la mort du technicien Denis Blanchette alors que son collègue David Courage avait été grièvement blessé.
Il a été mis en preuve que les deux hommes avaient été atteints d’une seule balle avant que l’arme du suspect ne s’enraye.
Selon le juge Cournoyer, rien ne justifie le recours à la violence, pas même la liberté d’expression.
Il a relaté que les Canadiens avaient vécu plusieurs périodes tendues, animées de débats passionnés, mais la violence n’a jamais fait partie de l’histoire du pays, selon lui.
Les preuves contre Bain sont nombreuses et convaincantes, a ajouté le juge.
La Couronne s’objectait à la remise en liberté provisoire de Richard Henry Bain, estimant qu’une telle décision serait de nature à miner la confiance du public en l’appareil judiciaire et que l’accusé n’avait pas réussi à présenter un plan de supervision acceptable en cas de remise en liberté.
La cause a été ajournée au 19 janvier prochain.