Ces suppressions s’ajoutent aux coupes de 7000 postes annoncées en février dernier, dont 2000 contractuels, du constructeur d’avions et de trains dans l’ensemble de ses installations.
L’entreprise veut ainsi réduire ses coûts dans le cadre de son plan de redressement jusqu’en 2020. Ce plan, mis de l’avant l’an dernier, vise à accroître sa profitabilité et sa compétitivité.
Au pays, près de 2000 postes – environ 1500 au Québec – dans divers secteurs n’ayant pas été précisés sont concernés par cette restructuration. Au total, deux tiers des postes touchés se trouvent dans le secteur ferroviaire de la société, alors que la division aérospatiale représente un tiers.
En Ontario, le président du syndicat des travailleurs de l’usine de Thunder Bay, qui fabrique les nouveaux tramways de Toronto, ignore pour l’instant s’il y aura des mises à pied supplémentaires, en plus de celle déjà prévue de 80 ouvriers sur la chaîne de montage des wagons de métro de la Ville Reine pour laquelle la production s’achève.
Bombardier estime pouvoir économiser jusqu’à 300 millions de dollars américains d’ici la fin de 2018.
« Même si ces décisions sont difficiles, nous les prenons afin de bâtir un avenir solide pour Bombardier. Nous continuons à regarder notre structure de coûts, qui est très élevée, a expliqué son président et chef de la direction, Alain Bellemare, au cours d’une entrevue téléphonique ».
3700 « embauches stratégiques » à venir
On compte rationaliser des fonctions administratives ainsi que d’autres activités qui ne sont pas liées à la production, en plus de créer des centres d’excellence en matière d’ingénierie et de fabrication dans les secteurs aéronautique et ferroviaire.
Bombardier estime pouvoir atténuer l’impact de cette restructuration en procédant à quelque 3700 « embauches stratégiques » dans des programmes comme la C Series, l’avion d’affaires Global 7000, ainsi que des contrats ferroviaires comme celui des tramways pour la Toronto Transit Commission (TTC) et pour l’agence de transport Metrolinx.
Questionné à savoir si cette restructuration visait à délocaliser des emplois dans des pays à faibles coûts, M. Bellemare a indiqué qu’il y aurait un équilibre.
« Ça va être un mélange (des deux), a-t-il répondu. C’est la seule façon que l’on sera en mesure de protéger des milliers de postes. C’est une industrie extrêmement concurrentielle et c’est important de prendre les mesures nécessaires pour continuer de rivaliser. »
La société prévoit enregistrer une charge de restructuration oscillant entre 225 et 275 millions de dollars américains à compter du quatrième trimestre en cours.
Bombardier a éprouvé des difficultés au cours des dernières années, notamment en raison des dépenses élevées associées au développement de la C Series ainsi qu’un ralentissement dans le secteur des avions d’affaires.
L’avionneur a reçu un investissement de 1 milliard de dollars américains du gouvernement québécois dans la C Series, a vendu une participation de 30 % de sa division ferroviaire à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et demande également au gouvernement fédéral d’investir dans son nouvel avion commercial.
Le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains, responsable du dossier, a affirmé la semaine dernière qu’Ottawa était prêt à investir dans l’entreprise, mais qu’il fallait s’assurer du maintien du siège social au Canada, des activités de recherche et développement ainsi que des emplois manufacturiers reliés à la fabrication des appareils.
Selon M. Bellemare, cette restructuration n’aura aucun effet négatif sur les négociations qui se déroulent depuis bientôt près d’un an avec le gouvernement Trudeau.
Cela n’a rien à voir avec le fédéral. Il s’agit de décisions pour avoir la capacité financière pour continuer à investir dans de nouveaux programmes.
Le dirigeant de la multinationale n’a pas voulu dire non plus si d’autres décisions, comme une vente d’actifs, pourraient être annoncées dans l’avenir.
Sur son site Internet, Bombardier dit compter 31 200 travailleurs dans son secteur aéronautique et 39 400 autres du côté ferroviaire.