La visite du gouverneur général en Arabie saoudite soulève la grogne

MONTRÉAL – Alors que la sentence de flagellation et d’emprisonnement en Arabie saoudite du blogueur Raif Badawi continue d’indigner les Canadiens, le gouverneur général du Canada David Johnston s’est rendu à Riyad lundi afin d’honorer la mémoire du roi Abdallah, décédé à 90 ans la semaine dernière.

Ce voyage soulève bien des réactions.

«S’il y a raison d’être outré de ce qui se passe en Iran, en Corée du Nord, et avec l’État islamique, on devrait l’être tout autant contre l’Arabie saoudite dont le système de répression est important», a expliqué la directrice générale d’Aministie internationale Béatrice Vaugrante.

L’Arabie saoudite posséderait l’un des pires bilans de la planète en matière de respect des droits de la personne. Le pays condamne chaque année des centaines de personnes à la décapitation et beaucoup de femmes sont souvent injustement accusées.

Le Canada a délégué le gouverneur général du Canada David Johnston et le ministre des Affaires étrangères John Baird pour aller offrir leurs condoléances au nom des Canadiens à l’entourage du défunt du roi Abdallah.

«Franchement, je trouve ça choquant de la part du gouvernement canadien», a pour sa part commenté l’auteure Djemila Benhabib.

«Il faut se servir de ces relations-là pour forcer le gouvernement d’Arabie saoudite à améliorer son bilan en termes de droits de la personne», a commenté la députée néo-démocrate Hélène Laverdière.

Lucratif contrat

La présence de MM. Baird et Johnston à Riyad n’est toutefois pas surprenante. Même si l’Arabie saoudite bafoue ouvertement les droits de la personne, le pays représente un allié sûr dans une région instable.

En fait, il s’agit du deuxième marché d’exportation dans cette partie du monde pour le Canada qui vient d’ailleurs de signer le plus gros contrat de vente d’équipement militaire de son histoire. Le montant de cette transaction s’élève à 15 milliards $ pour des véhicules blindés légers.

Pendant ce temps, à Sherbrooke, Ensaf Haidar prie pour que son mari et le père de ses trois enfants, Raif Badawi, soit libéré. Le gouvernement saoudien l’a condamné à 1000 coups de fouet parce qu’il a critiqué le régime à plusieurs reprises sur son blogue.

«Nous sommes une démocratie incapable de sauver ce pauvre monsieur, mais nous allons là-bas pavaner avec les grands de ce monde pour rendre hommage à quelqu’un qui a bafoué les droits de la personne», a dit Djemila Benhabib.

Le Canada n’est pas le seul à se rendre à Riyad en Arabie saoudite. Le président de la France François Hollande et le premier ministre anglais David Cameron s’y sont rendus en fin de semaine et le président Obama doit y aller mardi.

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