La presse américaine dénonce le « mépris de Donald Trump pour la démocratie »

« Je vous le dirai le moment venu, je vais maintenir le suspense. » Lors du troisième et dernier débat télévisé de la campagne présidentielle américaine, mercredi 19 octobre à Las Vegas, Donald Trump a laissé entendre qu’il pourrait ne pas reconnaître le résultat de l’élection du 8 novembre. Elle restera la phrase qu’on retiendra du troisième débat présidentiel, note le Washington Post (qui soutient la candidature d’Hillary Clinton). L’approche « attendre et voir » de Donald Trump est désastreuse et restera le sujet le plus discuté à l’issue de ce débat, et cette polémique pourrait bien durer les trois semaines restant avant la fin de cette longue course vers la Maison Blanche.

Hillary Clinton, sa rivale démocrate, s’est dite, lors du débat, « horrifiée » face à cette remise en cause de l’un des piliers du fonctionnement des institutions aux Etats-Unis, où le candidat vaincu concède sa défaite :

« Ce n’est pas comme cela que fonctionne notre démocratie. Nous existons depuis 240 ans. Nous avons eu des élections libres et justes. Nous avons accepté des résultats qui ne nous plaisaient peut-être pas. Et c’est ce que l’on doit attendre de quiconque se trouve sur la scène d’un débat en vue d’une élection. »

Dans un édito, le New York Times (qui avait également annoncé son soutien à Hillary Clinton), revient sur le « mépris de Donald Trump pour la démocratie » :

« Dans le troisième et dernier débat, Donald Trump a cessé d’insulter l’intelligence des Américains pour insulter la démocratie américaine. Sans en apporter la preuve, il affirme que des millions de gens s’inscrivent sur les listes électorales pour participer à l’élection et déclare qu’il ne se sent pas lié par le résultat des urnes. »

Pour le comité éditorial du journal, le « craquage » de M. Trump au cours des dernières semaines pourrait être perçu comme « la tentative d’un mauvais perdant de rationaliser sa défaite annoncée », et va même plus loin :

« Mais ses attaques contre le processus démocratique, à son profit, risquent d’endommager de manière durable le pays, et les politiques des deux partis devraient s’éloigner de lui et de l’exemple qu’il donne. »

« Ce candidat nous dira s’il pense qu’il a perdu le 8 novembre, pas l’inverse »

Pour le Guardian, les propos de Donald Trump sont la confirmation que le magnat de l’immobilier ne respecte même pas « les règles basiques » de la démocratie. « La démocratie ? Ce candidat nous dira s’il pense qu’il a perdu le 8 novembre, pas l’inverse », regrette le journal britannique.

Le Wall Street Journal, qui ne soutient officiellement aucun candidat, souligne pour sa part que ce débat était une « opportunité pour M. Trump de reprendre pied dans la course présidentielle, menée par Mme Clinton tant au niveau national que dans les “swing States” [les Etats-clés] ». Mais le quotidien financier constate que ce débat n’aura finalement pas changé fondamentalement la donne pour les deux candidats :

« Le soutien dont bénéficient Hillary Clinton et Donald Trump est au même niveau qu’en janvier : en début d’année, 29 % des électeurs affirmaient avoir une opinion positive du candidat, selon un sondage Wall Street Journal/NBC. Il est au même niveau aujourd’hui. En janvier, toujours selon le même sondage, Mme Clinton était à 40 % d’opinions positives. elle est au même niveau aujourd’hui. »

Dans un article intitulé « L’insulte finale de Donald Trump à la démocratie américaine », le site américain The Daily Beast compare ce « je vais maintenir le suspense » du républicain aux fins ouvertes des émissions de téléréalité :

« Nous étions déjà habitués à ce que The Donald [son surnom] utilise cette élection comme un moyen d’autopromotion. La plupart des républicains les plus sobres se sont doucement aperçus avec horreur qu’ils avaient nommé un homme manifestement irresponsable comme candidat du parti. Mais l’étendue des dégâts semblait jusqu’ici se contenir au GOP [Grand Old Party, surnom du parti républicain] et à la qualité des débats politiques. Donald a changé tout ça mercredi soir. »

A moins d’un mois de l’issue d’une élection cruciale pour le pays, le site tente de recadrer le débat : « Reposez le seau à pop-corn une seconde. Souvenez-vous que cette élection est réelle. Ce n’est pas de la téléréalité. »

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