La meilleur maire au monde en visite à Québec

L’homme de 42 ans de confession musulmane était de passage à Québec cette fin de semaine, question de rencontrer Bonhomme, de renforcer la collaboration entre les deux municipalités et de constater que la capitale «n’est plus endormie», comme en 1998, lors de son séjour linguistique à l’Université Laval. Le Soleil lui a posé quelques questions. 

Q Vous avez été sacré meilleur maire au monde par la Fondation des maires urbains (City Mayors Foundation). Quel est votre secret?

R Je ne pense pas à moi-même comme un politicien. J’étais un homme engagé dans la communauté, un professeur avant d’aller en politique, donc je n’avais vraiment pas de recette. Et ils ne m’ont toujours pas donné le manuel! Je fais beaucoup de choses que les autres ne font pas, pour moi c’est vraiment une question de demeurer authentique. Et je suis souvent dans l’eau chaude à cause de cela, mais c’est correct, il faut être humain et laisser les gens voir qu’on essaie de travailler fort pour eux. Je crois que c’est ce à quoi les citoyens aspirent.

Q Que pensez-vous du bras de fer entre les syndicats et les municipalités au sujet des régimes de retraite au Québec?

R Nous avons le même problème en Alberta. Il y a un an, une réforme majeure a été présentée par le gouvernement et je m’y suis opposé. Elle a plus tard été annulée. La raison pour laquelle j’étais contre, c’est que les changements proposés étaient à la fois injustes pour les employés, mais aussi pour la ville, cela aurait rendu les choses très difficiles pour nous à opérer. Par exemple, il y aurait eu un grand nombre d’employés éligibles à la retraite le 31 décembre, mais qui ne l’auraient plus été le 1er janvier. Tout le monde aurait quitté en même temps et soudainement la Ville aurait eu à embauche des centaines d’employés! Nous devons recommencer les discussions justement cette semaine avec le ministre des Finances.

Q Après l’expérience de Calgary en 1988, suggéreriez-vous à la Ville de Québec d’accueillir des Jeux olympiques?

R Les JO ont eu un impact très positif pour Calgary, alors si c’est possible financièrement et socialement pour une ville comme Québec, elle doit aller de l’avant. Mais c’est très dispendieux et cela représente un gros engagement pour une municipalité, alors il faut s’assurer que la démarche demeure authentique. On veut éviter des dérives comme à Sotchi… Et il faut être certain que l’on construise des choses qui continueront à être utilisées, qui enrichiront la communauté et ce n’est pas juste pour le spectacle.

Q Pensez-vous que Québec pourrait ravoir une équipe de la LNH ?

R Si cela se produit, je serais vraiment emballé. Je suis un grand amateur de hockey et d’ajouter une équipe canadienne serait extraordinaire : nous avons besoin de haïr quelqu’un d’autre! Si j’avais de l’influence, j’aiderais certainement Québec. Mais j’ai rencontré Gary Bettman pour la première fois seulement la semaine dernière et je ne suis pas certain que je suis devenu son conseiller en chef…

Q La Ville de Québec a récemment abandonné son projet de tramway parce qu’il était trop coûteux. Qu’en pensez-vous?

R Le problème que Régis Labeaume a eu est le même pour tous les maires au pays. Nous devons faire des investissements pour les transports publics, c’est la chose à faire pour l’environnement, pour réduire la congestion automobile et pour aider la mobilité sociale. Mais les gouvernements provinciaux et fédéraux n’en ont pas fait suffisamment une priorité et c’est impossible pour les villes de payer pour de tels projets avec seulement les taxes foncières. Nous demeurons le seul pays industrialisé dans le monde qui n’a pas de stratégie permanente de transport public, alors nous travaillons très fort auprès du gouvernement fédéral et ceux des provinces pour les inciter à le faire. Nous avons besoin à Calgary de 13milliards$ pour construire notre réseau et à date, nous en avons récolté qu’un seul.

Q Vous aviez pris position contre la Charte des valeurs en 2013. Êtes-vous toujours aussi opposé à une telle démarche?

R Jamais dans ma vie je n’ai pensé qu’au Canada il y a quelque chose que je ne pourrais pas faire en raison de ma religion, de ma race ou de mon apparence physique. Quand j’ai entendu Mme Marois et M. Drainville dire qu’il y aurait certains emplois que je ne pourrais pas pratiquer en raison de mon identité culturelle, j’ai dit à tous les maires du Québec que ce n’était pas correct. J’étais très content que la charte ne soit plus à l’ordre du jour et je pense que cela doit rester comme ça.

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