"Jihadi John", bourreau de l’EI, identifié comme un Londonien par …

Londres (AFP) – Mohammed Emwazi, un développeur informatique londonien d’une vingtaine d’années, a été présenté jeudi par plusieurs médias et experts comme étant le mystérieux « Jihadi John », bourreau masqué apparu sur diverses vidéos de décapitation d’otages du groupe Etat Islamique (EI), et traqué depuis sans relâche.

La BBC, The Guardian, le Daily Telegraph, le Washington Post et le New York Times figurent au nombre des organes de presse qui ont rendu public le nom présumé de l’un des combattants islamiques les plus recherchés au monde.

Scotland Yard s’est refusé à tout commentaire, en se retranchant derrière le secret de « l’enquête en cours » confiée aux services anti-terroristes avec le concours du MI5 et du MI6. « Nous l’avons identifié » avait assuré dès le mois de septembre dernier le directeur du FBI, sans en dire davantage, pour les mêmes motifs.

Le Premier ministre David Cameron s’était pour sa part contenté de confirmer que l’un des bourreaux de l’EI « était vraisemblablement britannique ».

« Ca y est, le nom est sorti », s’est exclamé jeudi sur Twitter l’un des experts londoniens des mouvements jihadistes, Shiraz Maher.

Le Centre d’études sur la radicalisation du King’s College de Londres a aussi confirmé que l’identité « paraissait la bonne ».

-Référence aux Beatles-

Le sobriquet de « Jihadi John », en référence à John Lennon, aurait été attribué au jeune Londonien par d’anciens otages occidentaux qu’il était chargé de surveiller, à la tête d’un petit groupe de combattants britanniques quant à lui baptisé les « Beatles« .

L’homme est devenu le symbole, l’incarnation de la cruauté manifestée par l’EI, après son apparition sur des vidéos de propagande macabre, au côté d’otages américains, britanniques et japonais en combinaison orange, mais aussi de soldats syriens. Juste avant leur exécution.

Selon un scénario invariable, il était campé débout, un couteau à la main, proférant avec un accent britannique prononcé un chapelet de menaces. Promettant au président Barack Obama « d’importer le jihad aux Etats-Unis » ou traitant David Cameron de « marionnette ».

Chaque fois, il était revêtu d’habits noirs. Seuls ses yeux étaient visibles à travers une fente dans sa cagoule.

En plusieurs instances, il est montré tranchant lui-même la tête d’un captif.

D’après le quotidien The Guardian, le suspect serait âgé de 26 ans et serait titulaire d’un diplôme de développeur informatique. Il aurait rejoint la Syrie en 2012.

La BBC estime qu’il a autour de 27 ans, et ajoute qu’il aurait été repéré par les services de renseignements occidentaux après sa radicalisation, consécutive à un déplacement en Tanzanie. Il était alors soupçonné d’être entré en contact avec le groupe somalien des shebab.

Le Washington Post a interrogé un proche qui a identifié Emwazi en déclarant: « C’était comme un frère pour moi… Je suis sûr que c’est lui ».

Les services de renseignements ont passé des mois à analyser les enregistrements de l’EI pour mettre un nom sur la voix.

Les médias britanniques avaient de leur côté avancé plusieurs patronymes, assurant que le bourreau était gallois, puis londonien et ancien DJ. Certains avaient même annoncé qu’il avait été blessé ou tué dans un bombardement américain.

« Jihadi John » est apparu pour la première fois sur une vidéo à l’occasion de l’exécution du journaliste américain James Foley, au mois d’août 2014.

Il figurait encore sur les images lors des décapitations d’un second journaliste américain, Steven Sotloff, du travailleur humanitaire britannique David Haines, du chauffeur de taxi de Manchester Alan Henning, et de l’américain Abdul-Rahman Kassig.

Le mois dernier, il était aussi présent au moment de la mise à mort des otages japonais Haruna Yukawa puis Kenji Goto.

Les informations sur son compte demeurent fragmentaires, et les zones d’ombre nombreuses.

CAGE, une organisation de défense des droits des musulmans, a cependant diffusé un long portrait, jeudi. Emwazi aurait été détenu, interrogé à plusieurs reprises en Tanzanie, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Le MI5 aurait vainement tenté de le recruter. Il aurait été « harcelé au point de perdre deux fiancées, son emploi et une nouvelle vie au Koweït ».

Interrogé sur la traque de « Jihadi John » –l’un des quelque 700 jeunes Britanniques à avoir rejoint les rangs des combattants islamistes en Syrie et en Irak— des spécialistes militaires ont souligné sous couvert d’anonymat à quel point il serait difficile d’intervenir en terrain hostile pour le neutraliser.

En revanche, il lui sera impossible de regagner librement le Royaume-Uni.

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