La débâcle
Donald Trump ne se finance même plus lui-même
Si Donald Trump est toujours distancé par Hillary Clinton dans les sondages (le New York Times estime que la démocrate a 91% de chances d’être élue), il l’est aussi dans le financement de sa campagne. Les dernières données publiées par la Commission fédérale des élections montrent que le candidat républicain a perdu beaucoup de ses financements, les grands donateurs préférant miser sur les élections au Congrès, organisées aussi le 8 novembre. Sur les 19 premiers jours d’octobre, le milliardaire a levé deux fois moins de fonds qu’Hillary Clinton avec son comité de campagne.
Selon ces relevés produits à partir des déclarations des candidats, même Donald Trump aurait arrêté de s’autofinancer. Sur les trois premières semaines d’octobre, il n’aurait donné que 31 000 dollars (28 000 euros) pour payer les loyers et salaires de ses militants de campagne. Depuis juillet, il se versait pourtant 2 millions de dollars (1,8 million d’euros) par mois.
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De son côté, Hillary Clinton a collecté en moyenne 2,8 millions de dollars (2,5 millions d’euros) par jour en octobre pour atteindre 62 millions de dollars (57 millions d’euros) sur son compte de campagne au 19 octobre. A la même date, Donald Trump en avait lui 16 millions (15 millions d’euros).
Cette campagne présidentielle sera probablement la plus coûteuse de l’Histoire américaine. L’ONG Center for responsive politics, spécialisée sur la transparence des financements politiques, estime qu’environ 6,6 milliards de dollars (6 milliards d’euros) auront été dépensés pendant tout le cycle électoral (présidentielle et Congrès), soit 86,5 millions de dollars (79 millions d’euros) de plus qu’en 2012.
L’interview
Chaque jour jusqu’à la présidentielle du 8 novembre, Libération interroge un(e) citoyen(ne) américain(e), dans sa série «The Americans». Aujourd’hui, Janet Napolitano, présidente de l’Université de Californie et ancienne ministre de la sécurité nationale d’Obama détaille l’état du système d’éducation supérieure américain.
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La niaiserie
Hillary Clinton fête son anniversaire dans une mise en scène cucu-la-praline
Elle a eu 69 ans mercredi. La candidate démocrate a profité de l’occasion pour crier (et faire crier) au monde à quel point elle était aimée. De sa fille, Chelsea, qui a tweeté : «Joyeux anniversaire maman ! J’espère qu’un jour Charlotte et Aidan seront aussi fiers d’être mes enfants que moi je le suis d’être ta fille». De son mari, Bill, qui lui aussi a vomi son flot d’amour sur le réseau social : «Joyeux anniversaire Hillary ! Bluffé par toi aujourd’hui et tous les jours». On a ensuite eu droit à une chanson de Stevie Wonder (voir vidéo) en personne, à une foule de voeux publiés sur les réseaux sociaux par des célébrités (comme les actrices Elizabeth Banks, Jamie Lee Curtis, Kate Walsh et Michelle Kwan), et même à l’image d’une candidate offrant du gâteau au chocolat aux journalistes qui la suivent. Attention à l’indigestion.
L’immersion
Dans la peau de Donald Trump
Derrière le candidat déroutant, qui est vraiment Donald Trump ? A deux semaines de l’élection présidentielle, le New York Times vient de révéler des heures d’entretien en tête à tête avec le candidat républicain à la Maison blanche. Ces enregistrements, qui remontent à 2014, ont été effectués par l’écrivain Michael d’Antonio, lauréat du Prix Pulitzer, dans la préparation de sa biographie «La vérité sur Trump». Ils dévoilent un Trump pétrifié par la possibilité d’échouer, d’être à côté de la plaque ou oublié, snobé, considéré comme un «has been». «Je n’ai jamais connu l’échec, parce que j’ai toujours transformé l’échec en succès», explique le milliardaire new-yorkais, adepte d’une philosophie tournée vers l’avenir pour éviter de se poser trop de questions. Le passé, son passé ? «Je ne veux pas y penser. Je n’aime pas faire mon introspection parce que je risque de ne pas aimer ce que je vois.»
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Peu disposé à parler de lui, Donald Trump semble néanmoins obsédé par une volonté de ne pas être ridicule, de ne pas s’humilier en public. Il raconte comment il fut marqué par une soirée où le président d’une grande banque, ivre mort, prononça un discours pathétique avant de devoir être porté pour sortir de la salle. «Je ne l’ai plus jamais regardé de la même façon après ça. Je n’oublierai jamais que devant une salle remplie de personnes de la plus haute importance, nous avons dû le porter pour qu’il puisse sortir. Ce genre de choses a eu un impact sur moi.»
An extraordinary look at Donald Trump’s psyche: We obtained hours of interviews that reveal his fear of failure. https://t.co/GHXJFUyKuy
— The New York Times (@nytimes) 26 octobre 2016
Plus attendu, Trump semble être d’une fierté maladive, comme lorsque pour l’une de ses premières escapades amoureuses avec son ex-femme Ivana Trump, celle-ci le mit à l’amende sur la première piste de ski venue. «Donald était tellement furieux qu’il a enlevé ses skis, puis ses chaussures de ski, et il a marché jusqu’au restaurant, raconte-t-elle dans un enregistrement. Il ne pouvait pas le supporter.» Il se rappelle aussi de la fierté qu’il éprouva lorsqu’il apparut pour la première fois dans un journal : «Je devais être en 2e année à l’université, je trouvais ça génial…» Enfin, il confie avoir «toujours adoré [se] battre», ce que l’actuelle campagne présidentielle vient confirmer. D’ici deux semaines, il devrait d’ailleurs avoir l’occasion de transformer un nouvel échec en succès.
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Le soutien
Jay Z roule pour Hillary
Jay Z a annoncé qu’il allait jouer la semaine prochaine dans l’Etat-clé de l’Ohio en soutien à Hillary Clinton ; laquelle, sur son site internet, promeut en retour le concert gratuit du 4 novembre à Cleveland, soit quatre jours avant le scrutin présidentiel. Le rappeur américain s’était déjà produit en concert dans ce même Etat de l’Ohio en 2012 pour soutenir la candidature du président sortant Barack Obama. Comme lui, d’autres figures people y vont de leur coup de pouce à la candidate démocrate, à l’instar de la chanteuse Miley Cyrus qui, le week end dernier en Virginie, a arpenté les dortoirs d’une université locale pour appeler à voter Clinton. Dans le camp d’en face, le principal piston recensé de Donald Trump est Ted Nugent, ex-guitar hero à crinière des années 1970/80, qui avait déjà montré voici quelques temps de graves signes de déficience mentale en appelant aux meurtres de Barack Obama et d’Hillary Clinton.
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Par ailleurs, Hillary Clinton s’est accordée une pause en allant assiter mardi soir, la veille de ses 69 ans, à un concert de la chanteuse britannique Adele à Miami. Adele est à «100% pour Hillary Clinton», a déclaré un porte-parole de la campagne démocrate, Nick Merrill. La preuve, la chanteuse qui détient les records de ventes d’albums au XXIe siècle a expressément demandé, comme les Rolling Stones, qu’aucun de ses sons ne soit utilisé dans les meetings du candidat républicain.
Hillary Clinton était au concert d’Adele à Miami. Adele lui a apporté son soutien en appelant à ne pas voter pour Trump #AdeleLive2016 🇺🇸🇺🇸 pic.twitter.com/andrDiimhx
— Adele France (@AdeleSourceFR) 26 octobre 2016
La compil
La meilleure attaque de Trump, l’insulte
Le New York Times a listé les 281 personnes, lieux et choses que Donald Trump a insultés sur Twitter depuis qu’il a déclaré sa candidature en juin 2015. «Ces commentaires ne sont pas des pensées privées, ils ne sont pas le résultat d’une caméra cachée embarrassante, d’un commentaire « off-the-record » ou d’un document de presse. Ce sont des déclarations publiques faites par Donald Trump à ses 5,9 millions de followers sur Twitter», annonce le journal.
Top targets of Donald Trump’s insults by month. Read the complete list here. https://t.co/jmnHrWQlkz pic.twitter.com/ll0QfS8pym
— The New York Times (@nytimes) 25 octobre 2016
Hillary Clinton arrive bien évidemment en tête de ses cibles favorites. Il l’a qualifiée pas moins de 198 fois de «crooked» («corrompue»). Des ténors du Parti républicain en prennent aussi pour leur grade, à l’image de Ted Cruz, sénateur du Texas, qualifié le plus souvent de «menteur», de Mitt Romney, «un candidat [à l’élection présidentielle de 2012, ndlr] désastreux qui n’a pas de cran et a tout raté», ou encore de John McCain, qui a représenté le Parti républicain à la présidentielle de 2008, «incapable de faire quoi que ce soit».
Quant aux médias américains, plus d’une vingtaine d’entre eux ont également fait l’objet des foudres du candidat, qu’il a qualifiés de «mauvais», «mensongers» ou encore d’«injustes». CNN, Fox News, Politico, le Washington Post et le New York Times lui-même font partie de la liste.
L’autopromo
Trump lance sa propre émission
Le spectre d’une Trump TV refait surface. Lundi soir, le candidat républicain a lancé Trump Tower Live, son émission quotidienne sur Facebook présentée par ses conseillers, Boris Epshteyn et Cliff Sims. Sa diffusion est prévue jusqu’au 8 novembre. Le but, contourner le «filtrage» des médias. Donald Trump accuse en effet régulièrement les médias de soutenir sa rivale démocrate. Selon l’AFP, l’émission a attiré plus de 1,3 million de vues lundi soir sur Facebook.
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La phrase
Trump rêve d’un scénario Brexit
«Quand nous gagnerons, votre voix se fera entendre dans les couloirs de Washington et dans le monde entier. Ce qui se passe est plus fort que le Brexit», a lancé le candidat républicain à ses supporteurs, lors d’un meeting, lundi, à Tampa en Floride.
Mais comme le relève sur Twitter Ariel Edwards-Levy, journaliste politique au Huffington Post, un scénario à la britannique est peu probable. Les camps du leave (quitter l’UE) et du remain (rester) étaient au coude-à-coude dans les dernières semaines précédant le vote, alors que Hillary Clinton mène aujourd’hui la course en tête dans les sondages. Le dernier en date au plan national, réalisé par CNN-ORC, donne Hillary Clinton vainqueur avec 49 % des voix, contre 44 % pour son rival.
Here is the polling average for Brexit, vs. the past three months of election polls. pic.twitter.com/PQO3cNkxlA
— Ariel Edwards-Levy (@aedwardslevy) 24 octobre 2016
Le sondage
Hillary Clinton aussi populaire qu’Obama chez les jeunes
Les efforts de la candidate démocrate semblent avoir porté leurs fruits. Alors qu’il y a à peine quelques semaines, Hillary Clinton peinait à convaincre les jeunes de voter pour elle, voilà que sa cote de popularité est montée en flèche selon de récents sondages pour atteindre le niveau atteint par Barack Obama en 2012 : 60 %. Ainsi, plus de la moitié des jeunes Américains affirment vouloir voter démocrate à la présidentielle du 8 novembre. Selon la dernière étude Genforward, Clinton aurait surtout progressé parmi les jeunes électeurs blancs, passant de 27 % en septembre à 35 % en octobre, contre 21 % pour Trump aujourd’hui. Pour cette catégorie d’électeurs, elle pourrait même dépasser les résultats d’Obama en 2012.
En revanche, pour les jeunes de couleur, Clinton reste derrière son allié de la Maison Blanche. Obama avait obtenu, lors de la dernière élection, 91 % du vote afro-américain (80 % pour Clinton), 86 % du vote asio-américain (74 % pour Clinton) et 74 % du vote latino (63 %).
La démocrate reste largement devant son adversaire républicain dans les sondages (voir ci-dessous).
Le débat
La légalisation de la marijuana pourrait être étendue lors de l’élection
En plus de l’élection présidentielle et d’une partie du Congrès, le 8 novembre, les citoyens de cinq états voteront pour ou contre la légalisation de la consommation récréative du cannabis. Selon le New York Times, en Californie, dans le Massachusetts et le Maine, la loi pourrait bien passer. Et dans l’Arizona et le Nevada, de récents sondages montrent des électeurs partagés sur la question.
De telles lois ont déjà été adoptées, ces dernières années, dans l’Alaska, le Colorado, l’Oregon et l’Etat de Washington. Si le vote est favorable en Californie, cela signifierait que fumer du cannabis deviendrait légal sur toute la côte ouest des Etats-Unis. Un passage dans l’Etat californien, qui possède un produit intérieur brut équivalent à celui de la France, pourrait signifier un boom du marché de cette drogue. Selon l’ArcView group, cité par le NYTimes, le marché de la vente de marijuana pour usage médicinal et récréationnel devrait grossir de 7 à 22 milliards de dollars (20 milliards d’euros) sur les quatre prochaines années si la Californie dit « oui ».
Le sondage
Clinton continue sa percée électorale
Hillary Clinton ne cesse de tacler son adversaire, Donald Trump. Elle l’a qualifié dimanche de «mauvais perdant» pour son refus, lors du débat qui les a opposés mercredi dernier, de s’engager à accepter le résultat de l’élection présidentielle du 8 novembre.
Bien que la candidate continue de creuser son avance par rapport à son adversaire – 12 points de plus selon le dernier sondage ABC News/Washington post publié dimanche – son ardeur à gagner la présidentielle ne baisse pas pour autant. Dimanche, lors d’un meeting à Raleigh, en Caroline du Nord, elle a harangué les électeurs pour qu’ils aillent voter avant les élections, grâce au système d’«early vote». En accroissant son avance dans des «swing states» (Etats déterminants) comme la Caroline du Nord ou la Floride, la démocrate pourrait éliminer toutes possibilités pour Donald Trump de rattraper son retard à la dernière minute.
Ce week-end, Hillary Clinton a aussi interpellé ses supporters pour qu’ils votent démocrate lors des élections pour le Congrès (Sénat et Chambre des représentants réunis) organisées aussi le 8 novembre.
L’hypothèse
Les démocrates pourraient bien remporter le Sénat… mais pas pour longtemps
Le parti d’Hillary Clinton semble profiter des difficultés de Trump pour prendre de l’avance dans la course électorale pour faire basculer la majorité républicaine au Sénat, le 8 novembre. Selon le site américain Politico, l’issue du scrutin ne se jouerait plus que dans six Etats: le Nevada, la Pennsylvanie, le New Hampshire, ainsi qu’en Caroline du Nord, dans la Missouri et dans l’Indiana, trois Etats historiquement républicains. Pour récupérer la majorité au Sénat, perdue en 2014, les démocrates doivent mettre de leur côté quatre sièges supplémentaires. D’après Politico, le Wisconsin et l’Illinois sont acquis aux démocrates. Ils ne leur manquent plus donc qu’à en obtenir deux supplémentaires.
Si les Républicains ont toutes les chances de perdre leur emprise sur le Sénat le 8 novembre, cela pourrait ne pas durer longtemps, d’après un analyste du Washington post. L’instance est renouvelée au tiers tous les deux ans. Pour la prochaine élection, en 2018, les sièges concernés sont à forte majorité démocrates: 25 contre 8 républicains. Or lors de ces élections de début de mandat, le scrutin est généralement favorable à l’opposition. Si Clinton devient présidente, les démocrates pourraient donc bien voir, deux ans après, basculer leur majorité tout juste récupérée.
L’accusation
Une actrice de films X affirme que Trump lui aurait proposé des relations sexuelles tarifées
I held a press conference on Friday with another woman with claims of Donald Trump’s sexual misconduct. Watch below.https://t.co/e33Ye0YIR8
— Gloria Allred (@GloriaAllred) 17 octobre 2016
Les accusations d’agressions sexuelles contre Donald Trump continuent. C’est au côté de la célèbre avocate des discriminations contre les femmes, Gloria Allred, que Jessica Drake, une actrice porno, a accusé samedi, lors d’une conférence de presse à Los Angeles, le candidat républicain de lui avoir proposé en 2006 une relation sexuelle tarifée. Il lui aurait offert 10 000 dollars (9 000 euros) et la possibilité d’utiliser son jet privé pour le rejoindre dans sa chambre d’hôtel lors d’un tournoi de golf à Lake Tahoe, en Californie. «Cette histoire est ridicule et totalement fausse. M. Trump ne connaît pas cette personne, ne se rappelle pas d’elle et n’a aucun intérêt à la connaître. Ce n’est qu’une nouvelle tentative du camp Clinton de diffamer un candidat qui aujourd’hui arrive en tête dans trois sondages différents», a aussitôt réagi son équipe de campagne.
Jessica Drake est la douzième femme à accuser Donald Trump de harcèlement ou d’agression sexuelle, depuis la diffusion par le Washington Post d’une vidéo datant de 2005 où il déclarait pouvoir faire ce qu’il voulait avec les femmes. Le candidat républicain nie en bloc toutes ces accusations. «Ceci n’est jamais arrivé. Jamais. Toutes ces menteuses seront poursuivies en justice après l’élection», a-t-il lancé lors d’un meeting en Pennsylvanie.
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