Au moins 15 personnes sont mortes électrocutées par un câble à haute tension dans la nuit de lundi à mardi à Port-au-Prince lors d’un accident survenu pendant le défilé du carnaval, a-t-on appris de source médicale haïtienne. «Jusqu’à présent, nous avons compté 15 morts. Nos équipes continuent de collecter des données dans les centres de soins», a déclaré le docteur Claude Suréna, responsable des secours dans le carnaval.
Un précédent bilan communiqué par Rotchild François, ministre haïtien des Communications, avait fait état de «plus d’une dizaine de morts» et d’une quarantaine de blessés. L’agence Associated Press, citée par le site de ABC News, fait état d’au moins 20 morts. Au moins deux vidéos ont enregistré le dramatique accident:
Dans celle qui suit, dont on déconseille la vision aux âmes sensibles, l’impact d’un homme avec un fil électrique est clairement visible :
L’accident s’est produit en pleine nuit, à 2H48 locales, au passage d’un char du défilé du carnaval qui transportait le groupe de rap très populaire Barikad Crew sur le Champ de Mars, au coeur de la capitale haïtienne, a précisé le ministre. Un câble électrique à haute tension s’est rompu et a électrocuté les danseurs et les musiciens. Un photographe de l’AFP qui s’est rendu à l’Hôpital général de Port-au-Prince a dit avoir vu «de nombreux blessés» aux urgences.
Porte-drapeau du mouvement «rap kréyol», Barikad Krew, créé en 2003, est sans conteste le groupe de rap le plus célèbre d’Haïti. Un groupe marqué par la fatalité. En juin 2008, un accident de la route coûtait la vie à trois de ses musiciens et à deux autres personnes. Parmi les morts figurait Papa K-Tafalk, le plus médiatique des rappeurs du pays. Un autre membre de Barikad Krew, Young Cliff, a péri lors du tremblement de terre de janvier 2010. Le leader actuel, Daniel Darius, surnommé Fantom, a été hospitalisé suite à l’accident. Ses jours ne seraient pas en danger.
Le carnaval est le temps fort de la vie musicale de l’île, le moment où les groupes proposent leurs nouveaux titres dans l’espoir d’en faire «le» tube du carnaval. Juchées sur des semi-remorques sonorisés, les formations musicales sillonnent la ville pour animer les défilés.
Ce carnaval est le premier organisé à Port-au-Prince après le séisme, le premier aussi sous la présidence de Michel J. Martelly, ancienne vedette de la chanson sous le nom de Sweet Micky. Le quotidien indépendant Le Nouvelliste déplore que les défilés, prévus jusqu’à samedi, se poursuivent. «En Haïti, les morts et les accidents au carnaval n’ont jamais arrêté la fête. La tradition continue…» écrit le journal.