Carte de Kidal, dans le nord du Mali
Douze personnes au moins ont été tuées dans l’attaque d’un hôtel de Sévaré, au centre du Mali, par un commando d’islamistes présumés. Après une prise d’otages de près de 24 heures, les forces spéciales maliennes ont donné l’assaut samedi matin.
Quatre contractants de l’ONU, deux Sud-Africains, un Russe et un Ukrainien, qui étaient pris au piège depuis la veille ont pu être libérés.
Le bilan varie d’une source à l’autre : selon la mission de l’ONU au Mali (MINUSMA), cinq de ses collaborateurs ont été tués tandis que, de source officielle malienne, on dénombre trois otages morts.
Parmi les victimes recensées par la MINUSMA figurent un Népalais, un Sud-Africain, un Malien et deux Ukrainiens.
L’attaque et les échanges de tirs qui ont suivi jusqu’à l’assaut final ont également fait cinq morts parmi les soldats et quatre parmi les assaillants, dont l’un était ceinturé d’explosifs selon des sources maliennes, d’après les chiffres fournis par le porte-parole du ministère de la Défense.
La MINUSMA a précisé samedi que ses quatre contractants libérés par l’intervention des forces spéciales avaient réussi à se cacher dans l’hôtel Byblos après l’arrivée du commando armé.
« À aucun moment ils n’ont été découverts par les terroristes », a précisé la porte-parole de la mission onusienne, Radhia Achouri.
Des sources militaires maliennes mentionnaient vendredi la possible présence de clients français dans l’hôtel. « Des vérifications sont toujours en cours pour établir s’il y avait ou non des ressortissants français sur place », a-t-on déclaré samedi matin au ministère français des Affaires étrangères.
L’état-major des forces armées françaises a par ailleurs précisé que le contingent français présent au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane n’était pas intervenu directement sur le terrain, contrairement à ce qu’a laissé entendre Bamako : « Ce sont les Maliens qui ont libéré les otages. »
La participation française s’est limitée à un rôle de coordination entre la mission de maintien de l’ONU au Mali et l’armée malienne et à une démonstration de force, vendredi après-midi, avec le survol de l’établissement par deux Rafale, dit-on de même source.
Une menace permanente
Les auteurs de l’attaque avaient fait irruption vendredi matin dans l’hôtel Byblos, fréquenté par le personnel de la MINUSMA. Ils s’y étaient retranchés avec plusieurs otages.
Un témoin a rapporté que l’assaut lancé par les forces spéciales maliennes avait été mené entre 4 h et 5 h. « Nous n’avons pas entendu cette fois de tirs d’armes lourdes. Simplement des armes légères », a dit cet habitant.
Située non loin de Mopti, dans le centre du Mali, Sévaré se trouve à quelque 600 km au nord-est de la capitale, Bamako.
Le ministère sud-africain des Affaires étrangères a confirmé la libération de deux de ses ressortissants et précisé qu’un employé d’une entreprise d’aéronautique qui travaillait pour la MINUSMA avait été tué.
La diplomatie ukrainienne fait quant à elle état d’un mort probable et de trois personnes qui ont pu s’échapper ou ont été libérées.
L’attaque du Byblos, bien plus au sud des zones où opèrent traditionnellement les groupes islamistes, illustre la menace qu’ils continuent de représenter plus de deux ans après l’intervention des soldats français de l’opération Serval et de soldats africains.
D’après un porte-parole de l’armée, le colonel Souleymane Maïga, les premiers soupçons se dirigent vers un groupe armé qui recrute ses membres en majorité parmi l’ethnie peule, le Front de libération du Massina.