Reconnu coupable d’avoir assassiné sa femme en novembre 2009, l’ex-juge Jacques Delisle reconnaît avoir aidé Nicole Rainville à se suicider avec une arme. L’ex-magistrat admet avoir menti dans sa version des faits aux policiers dans une entrevue exclusive qui sera diffusée jeudi à l’émission Enquête de Radio-Canada.
L’ancien juge de la Cour d’appel, qui n’a pas témoigné à son procès, raconte pour la première fois ce qui se serait passé le 12 novembre 2009. Jacques Delisle affirme que le matin, ce jour-là, sa femme Nicole Rainville lui a demandé d’aller chercher son pistolet qui était caché sur le dessus d’une bibliothèque dans son condo de Sillery. Handicapée par un accident vasculaire cérébral depuis 2007, elle lui aurait dit qu’elle ne voulait plus vivre. Jacques Delisle lui aurait alors remis l’arme après l’avoir chargée.
Jacques Delisle confie avoir ensuite tenté de la dissuader en lui demandant de bien réfléchir. Puis il a quitté l’appartement pour revenir une heure plus tard. Nicole Rainville a été retrouvée sans vie avec une balle dans la tête.
L’ex-juge reconnaît avoir menti aux policiers en disant qu’il s’agissait d’un suicide sans plus parce qu’il avait peur de la réaction de famille. Il a aussi caché à ses enfants ce qui se serait réellement passé ce jour-là.
L’ex-juge Jacques Delisle répond aux questions d’Alain Gravel de l’émission Enquête.
Photo : Radio-Canada
Vieilli et amaigri, Jacques Delisle a accordé une entrevue à l’émission Enquête au pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines, il y a une dizaine de jours.
L’ex-juge explique aussi pourquoi il a toujours refusé de témoigner à son procès. Il raconte que sa belle-fille l’a supplié de ne rien dire la veille de son témoignage pour ne pas faire souffrir davantage sa famille et ses petits-enfants. À ce moment, la famille était convaincue que son avocat, Me Jacques Larochelle, avait réussi à semer un doute raisonnable dans l’esprit du jury.
Un dernier recours
L’homme, qui purge une peine de prison à perpétuité, tente maintenant le tout pour le tout afin de renverser sa condamnation.
Jacques Delisle a embauché un nouvel avocat pour son ultime tentative de libération. Il réclame l’intervention du ministre canadien de la Justice. Me Jacques Larochelle a passé le flambeau à un criminaliste bien connu de Toronto, Me James Lockyer, qui devrait donner plus de détails d’ici la fin de la semaine sur la procédure entreprise auprès du ministre de la Justice.
Des experts consultés par l’émission Enquête endossent cette démarche et prétendent qu’elle est nécessaire pour écarter toute possibilité d’une erreur judiciaire.
Les enfants du juge Delisle ont aussi accepté de témoigner, pour la première fois à la télévision, du cauchemar qu’ils vivent depuis la condamnation de leur père, aujourd’hui âgé de 80 ans.
« Cette journée-là, on a perdu notre mère et on a perdu notre père. Là, on veut le sauver », a témoigné Jean Delisle à la caméra.
L’entrevue Jacques Delisle, l’ultime recours sera diffusée jeudi soir à 21 h à l’émission Enquête.