Le président russe, Vladimir Poutine, a affirmé samedi 28 février que « tout sera fait pour que les organisateurs et exécutants » de l’assassinat « lâche et cynique » de l’opposant Boris Nemtsov « reçoivent le châtiment qu’ils méritent ».
Peu d’éléments ont pour l’instant été communiqués sur l’enquête par la police russe, toujours à la recherche du ou des assassins.
« Vers 23 h 15 », vendredi 28 février, « une voiture s’est approchée » de Boris Nemstov et de sa compagne, « quelqu’un a tiré des coups de feu, dont quatre l’ont touché dans le dos, causant sa mort », a expliqué le ministère de l’intérieur par l’intermédiaire de sa porte-parole, Elena Alexeeva.
Le Comité d’enquête russe a ensuite estimé dans un communiqué qu’« il ne fait aucun doute que ce crime a été minutieusement planifié, tout comme le lieu choisi pour le meurtre », sur le Grand Pont de pierre, juste à côté du Kremlin. « Selon toute vraisemblance, l’arme qui a été utilisée est un pistolet Makarov », une arme de poing en service dans les forces de police et l’armée russe, et par conséquent très répandue. Les enquêteurs ont retrouvé sur les lieux du meurtre six douilles de munition de calibre 9 mm, mais qui proviennent de différents fabricants, ce qui rend plus difficile de déterminer leur origine.
« Il est évident que les organisateurs et les auteurs de ce crime étaient informés de son trajet », estiment les enquêteurs du Comité, qui relève que le couple se rendait à l’appartement de M. Nemtsov, situé non loin de là.
Toutes les pistes étudiées
L’ancien numéro un soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, a déploré la mort de M. Nemtsov en exprimant la crainte que les assassins ne soient pas arrêtés : « Il faut trouver les tueurs, mais dans ce genre de crime (…) il est parfois difficile de les trouver. »
Les autorités assurent n’écarter pour l’instant aucune piste, Boris Nemtsov ayant reçu au fil des ans de nombreuses menaces. Si l’hypothèse du crime politique est celle qui s’est imposée le plus rapidement dans les esprits, en raison de l’activisme de Boris Nemtsov dans l’opposition à Vladimir Poutine, les enquêteurs évoquent également la possibilité d’un assassinat lié au conflit ukrainien, dans lequel il dénonçait l’ingérence russe, ce qui aurait pu déplaire à certains « éléments radicaux ».
Ils évoquent aussi la piste islamiste, Boris Nemtsov ayant reçu des menaces suite à son soutien à Charlie Hebdo. Une thèse que pourrait appuyer cette photo de la voiture supposée du ou des meutriers, publiée par la télévision russe Life News. Celle-ci porte en effet une plaque d’immatriculation de la république musulmane d’Ingouchie, dans le Caucase du Nord, où d’importantes manifestations ont eu lieu en janvier pour dénoncer les publications occidentales représentant le prophète Mahomet.
Dans l’entourage du Kremlin et du président Poutine, on répète à l’envi que ce « meurtre commandité » est une « provocation » pour déstabiliser la Russie. Il est destiné, selon les mots d’Ivan Melnikov, un responsable du parti pro-Kremlin Russie Unie, à « relancer l’hystérie antirusse à l’étranger ».
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Le président russe avait réagi aussitôt après l’annonce du meurtre de Boris Nemtsov, vendredi un peu avant minuit: « Poutine a déclaré que cet assassinat brutal porte les marques d’un meurtre commandité et a tout d’une provocation », avait alors indiqué son porte-parole, Dmitri Peskov.
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