À Jérusalem
Benyamin Nétanyahou a adopté un ton volontairement apocalyptique pour dénoncer l’accord cadre signé jeudi entre les grandes puissances et l’Iran. Ses proches n’ont pas hésité à agiter le spectre d’une course et d’une guerre nucléaire «horrible» qui pourrait se produire. Lors d’une conversation «tendue» avec Barack Obama, le premier ministre a de nouveau proclamé que l’arrangement conclu à Lausanne menace «la survie même d’Israël». «Cet accord ne va pas bloquer le programme nucléaire de l’Iran, mais au contraire lui ouvrir le chemin», a prédit le premier ministre. Tzahi Hanegbi, le vice-ministre des Affaires étrangères a dénoncé «une erreur historique» en réponse à «l’accord historique» évoqué avec fierté par le président américain. Selon ce proche de Benyamin Nétanyahou, «les grandes puissances se sont retrouvées en situation d’infériorité en refusant toute idée de confrontation militaire avec l’Iran en cas d’échec des négociations, si bien que Téhéran a réussi à imposer ses volontés et a obtenu une légitimité internationale pour son programme nucléaire».
La partie n’est toutefois pas achevée pour les dirigeants israéliens. Trois mois de discussions sont prévues pour parvenir à un accord définitif. Benyamin Nétanyahou place tous ses espoirs dans le Congrès. Début mars, il avait déjà agi sur ce front en prononçant un discours au Capitole à l’invitation d’élus républicains contre les concessions à l’Iran. Cette initiative visait directement à faire pression sur Barack Obama qui n’a guère apprécié qu’un premier ministre israélien vienne ainsi le contester directement à Washington. Le Congrès, qui peut théoriquement voter contre la levée des sanctions économiques imposées à l’Iran, prévue par l’accord de Lausanne, «risque fort d’avoir le dernier mot dans cette affaire», souligne Gilad Erdan, le ministre de l’Intérieur.
«L’option militaire reste sur la table»
En dernier recours, Israël pourrait recourir à la force. Youval Steinitz, le ministre chargé des renseignements a réaffirmé que «l’option militaire reste sur la table». Il a rappelé qu’en 1981, Israël n’avait pas hésité à défier les Etats-Unis en attaquant et détruisant le réacteur nucléaire irakien Osirak construit avec l’aide de la France à l’époque de Saddam Hussein. «Lorsqu’il s’agit de notre sécurité nationale, notre devoir sacré est de nous défendre même dans la situation où le monde se berce d’illusions sur des accords qui ne marcheront pas», souligne Youval Steinitz.
Mais, selon la plupart des commentateurs, il n’y a aucune chance pour qu’Israël se lance dans une aventure aussi périlleuse pour le moment. Seule certitude: la marine israélienne a présenté cette semaine son quatrième sous-marin produit en Allemagne qui pourrait, selon des experts militaires étrangers, être équipé de têtes nucléaires et mener des missions d’espionnage au large des côtes iraniennes tout en procédant à un test réussi d’un nouveau système d’interception de missiles surnommé «baguette magique». Une manière de montrer sa force à titre dissuasif sans avoir l’intention de s’en servir, du moins dans l’immédiat.